Résumé: Sur l’île d’Errance, où Humains et Créatures vivent séparés depuis toujours, Sarah est la fille du roi des hommes. On la dit sans cœur. Elle, estime mettre de côté ses sentiments personnels pour aider son père et administrer le royaume de la façon la plus juste et la plus impartiale qui soit. Son destin bascule le jour où elle apprend que Bran, son frère ainé et héritier du trône, meurt dans un accident de chasse au cœur de la Forêt Interdite. Mais bien que son autre frère refuse de devenir le prochain roi et qu’elle possède toutes les qualités requises pour diriger, Sarah fait face aux poids des traditions : jamais une femme n’a hérité du trône. Sera-t-elle la première à faire mentir l’Histoire ? Suite indirecte à Bran et Macha, cet album propose une nouvelle relecture des contes et légendes celtiques interprétée par des personnages non archétypaux et très humains... bien que magiques.
B
ran est mort ! Ses cousins viennent l'annoncer au roi. En plus d'un fils, celui-ci a perdu son héritier et ce n'est pas Devin, son cadet occupé à batifoler, qu'il voit avoir l'étoffe pour régner. Seule Sarah, la dernière, semble s'intéresser aux affaires du royaume mais les règles sont strictes, elle ne peut accéder au trône. En attendant de lui trouver un mari, le père et la fille vont devoir gérer le deuil et les conséquences que cette mort pourrait entraîner.
Troisième (et dernière ?) aventure sur l'île d'Errance. Après Bran, le prince héritier et sa malédiction, la jeunesse de Macha, la femme-renarde et son histoire d'amour, cet album s'attache aux conséquences que la disparition du premier a eu sur l'existence de Sarah, sa jeune sœur et de sa famille.
Maike Plenzke reprend la palette graphique pour peindre un univers qu'elle maîtrise de mieux en mieux. Jouant sur ses points forts - utilisation de la lumière et mise en page dynamique -, l'artiste allemande livre à nouveau une belle prestation. Toujours dénué d'encrage, son trait n'en reste pas moins agréable et lisible. Ses visages sont expressifs et ses décors variés et généreux. Et si certains détails semblent légèrement imprécis (la barbe de Devin) par moments, l'ensemble reste plaisant et donne envie de découvrir l'île toute entière.
Inspirée du Merveilleux et des contes, la scénariste offre cette fois une trame beaucoup plus politique. Essentiellement axée sur les Humains, leurs envies belliqueuses et les luttes de pouvoir, elle s'avère retorse et plus sombre que les deux précédents opus. Astucieusement, l'autrice donne au lecteur assidu l'occasion de retrouver certains éléments des autres récits et laisse au néophyte le loisir de suivre cette aventure sans prérequis particulier. Pour cela, Flora Grimaldi met en place une intrigue prenante dont la dramaturgie prend toute son ampleur lors le dernier tiers. Sans déstabiliser, le rythme s’accélère tandis que les thèmes s'émancipent de l'opposition avec les Créatures et du rapport à la nature sans toutefois les oublier.
Bien écrite et joliment mise en image, Une histoire de l'île d'Errance progresse à chaque nouvelle sortie. Sarah ne déroge pas à la règle et donne envie que cette série continue encore à enchanter son lectorat.
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Lire la chronique de Macha.