A
utour des thèmes de la séduction et de l’amour, 52 dessins de Mordillo.
Pour une certaine génération, un dessin de Mordillo, ça peut avoir autant de saveur qu’une madeleine pour Proust . Ca vous rappelle l’âge d’or de Pif gadget, les poufs gonflables, les téléphones en forme de monolithes, les mange-disques, les lampes distillant langoureusement des bulles de couleur, le tout dans des tons célébrant le mariage contre nature de l’orange et du marron. Et l’on se souvient des posters de la girafe, ou des footballeurs ou des amoureux signés par celui qui fêtera prochainement ses 60 ans de métier.
Alors c’est forcément le sourire aux lèvres qu’on retrouve tous ces personnages rondouillards dans un petit recueil, le temps d’un effeuillage rapide. Le plaisir est à son comble lorsque la légende, que Mordillo laisse à chacun le soin de rédiger, trouve un écho dans l’esprit du spectateur. Et c’est là qu’on regrettera tous les commentaires superflus de cette édition qui jouent aussi artificiellement que maladroitement le rôle de fil conducteur entre les dessins. Ces textes ont sans doute été jugés nécessaires pour donner à cette compilation un air de parfait cadeau-de-secours à l’occasion de la Saint Valentin. A-t-on oublié que, souvent, les plus belles passions, comme les plus grandes douleurs, étaient muettes ?