Résumé: Fin juin 1940. Zoé Favre (la petite sœur de Martin) prend conscience du cataclysme en apercevant les longues colonnes de prisonniers français marchant vers la captivité. Spontanément, elle improvise un ravitaillement en eau potable pour les marcheurs exténués. Elle n'a alors pas conscience qu'elle est en train de prendre une lourde décision, une de celles qui font basculer votre vie...
«
Aux armes ! Les Allemands ont gagné une bataille, pas la guerre. Des Français continuent de lutter. »
1940, la majeure partie de l’Hexagone est occupée. Dans les chambres de bonne, les caves et les arrière-boutiques, l'insurrection s'organise. Elle est certes un peu brouillonne et amateur, mais elle est bien là. Zoé, étudiante à la Sorbonne, s’insurge contre l’envahisseur germain. Sur un bout de papier, elle écrit un manifeste d’une vingtaine de mots. Avec ses copains, elle le copiera 200 fois et le distribuera à la fac. De fil en aiguille et sans complètement le réaliser, la protagoniste se trouve à la tête d’un petit réseau qui se bat avec sa plume. Pendant ce temps, les hommes politiques, pragmatiques, composent avec ces « invités » venus d’outre-Rhin.
Le scénario, signé Thierry Gloris, s’inscrit dans une trilogie de diptyques. Le premier est consacré à la lutte armée, le deuxième à la collaboration et le troisième à la résistance. L’intérêt de la saga est d’exposer ces trois angles, avec, en alternance, les réflexions des militaires et des politiciens qui s’accrochent au semblant de pouvoir qu’il leur reste. Tous les points de vue sont donc au rendez-vous, sauf peut-être celui de l’ennemi.
Dans Ayez confiance !, au-delà des opérations des activistes, l’auteur présente le portrait d’une femme forte. Le rythme est lent et c’est au travers d’une foule de gestes plus ou moins anodins que l’héroïne se construit et s’affirme. La série n’est pas au niveau du Vol du corbeau et du Sursis de Jean-Pierre Gibrat qui abordent sensiblement le même thème, mais cet épisode d’Une génération française s’avère une agréable lecture et il constitue un ajout significatif à l’ensemble.
Le lecteur devine que le mandat confié Ana Luiza Koehler vient avec un lourd cahier des charges. Son dessin doit en effet demeurer cohérent avec celui d’Eduardo Ocana et de Manuel Garcia, lesquels tiennent les pinceaux des deux autres segments. Malgré ces contraintes, l’artiste tire son épingle du jeu. Les comédiens ont du caractère (et ceux déjà présentés par ses confrères sont aisément reconnaissables), les décors réalistes et le découpage efficace. Le bédéphile découvre par ailleurs une créatrice talentueuse au trait dansant qui arrive, en quelques mouvements à donner vie à ses acteurs. Mentionnons la très belle mise en couleur réalisée par Cyril Saint-Blancat, laquelle renforce la transition entre le travail des trois illustrateurs.
Représentation réussie d’un personnage féminin fort qui tient tête aux troupes d’Adolf Hitler, mais également à la phallocratie de son époque.