A
n 421, les Huns suivent Attila, les autres le fuient. Jusqu'au jour où le Fléau de Dieu découvre qu'il a terminé sa quête en arrivant en Beauce : le monde est à feu et à sang, grâce à lui. Alors pourquoi continuer ? Recommencer à piller, violer, tuer là où il est déjà passé ? À quoi bon, plus rien n'a de sens, autant tourner en rond et philosopher. Oui, philosopher, car Dieu l'a rendu immortel l'empêchant de mettre fin à ses jours. Il est joueur Dieu quand même !
Manu Larcenet laisse le crayon à Daniel Casanave (Dien Bien Phu, l'Amérique, l'histoire du soldat, Macbeth, ...) pour le troisième épisode de cette série qui revisite certains grands de ce monde. Le style graphique reste le même, arrondi et minimaliste, une pointe d'hésitation en plus ou un soupçon de maîtrise en moins peut-être. Attila est rigolo physiquement, comme l'étaient Freud et Van Gogh. Que Casanave s'essaie au Larcenet ou que Larcenet ait choisi Casanave pour sa proximité de trait, peu importe, le résultat est là : une certaine continuité qui ne convaincra pas les sceptiques mais ne rebutera pas les autres. Et il permet de découvrir, pour ceux qui ne l'auraient déjà fait, un jeune auteur talentueux.
Si Attila fait rire physiquement, il n'en est pas moins terrible historiquement et psychologiquement. Comme à son habitude, Larcenet fait douter ses personnages et le lourd passé du "hun" ne pouvant s'exorciser en quelques séances sur canapé, il devient un puits sans fond pour l'auteur où puiser une somme infinie de réflexions et d'atermoiements du Fléau, qui devient ainsi le digne représentant de tous les barbares que l'humanité ait connus. On commence à y prendre goût lorsque la fin tombe tel un couperet, sans avoir eu le temps de comprendre le but ultime de cette promenade champêtre. Attila est abandonné à son sort comme un pantin avec lequel on est fatigué de jouer. Etonnant. À tel point que l'attente d'un deuxième tome vient facilement à l'esprit. Mais les feuilles (de papier) repousseront-elles ?
Un personnage haut en couleur, quelques rigolades, une belle balade trop vite interrompue et un zeste d'insatisfaction.
>> Chronique du Tome 2 "La ligne de front"
Les avis
minot
Le 05/01/2016 à 18:56:58
Le moins bon de la série pour moi. L'histoire est moins drôle que celle des autres albums, avec un scénario assez plat. Et surtout, le dessin grossier de Casanave entâche pas mal le plaisir de lecture. Une vraie déception.
philippe_grenier
Le 02/06/2006 à 03:03:50
Après avoir sensiblement touché ses lecteurs avec la parution récente du troisième tome du Combat ordinaire, voilà que Manu Larcenet met à la disposition du public le troisième opus de sa collection d'aventures rocambolesques, dans lequel on retrouve de nouveau un personnage historique ayant été sorti de son cadre normal et à qui sont prêtés des réflexions typiquement larcenesques.
Pour l'occasion, c'est Attila le Hun qui se retrouve sous les feux du projecteur, et dans une histoire très différente de celle présentée en 1954, dans le film portant le même nom réalisé par Pietro Francisci! En effet, les hordes de barbares commandées par Attila le sanguinaire à son apogée ne s'apprêtent pas à marcher sur Rome et faire face aux redoutables troupes romaines de l'empereur Valentiniano, mais simplement à attaquer quelques paysans paisibles de la Beauce! Avec pour coéquipier Daniel Casanave, qui se distance de son style de dessin personnel afin de donner un rendu ressemblant aux travaux l'auteur, Manu Larcenet livre une histoire qui, contrairement aux épisodes précédents traitant respectivement de Freud et de Van Gogh, tombe malheureusement à plat vers le dernier tiers de l'album, pour terminer sur ce qui semblerait être un manque total d'inspiration. Quelle tristesse! Alors que les premières pages offraient quelques moments humoristiques bien agréables, les textes songés se font de plus en plus rares, et la fin laisse chez le lecteur un incontournable sentiment de déception.
En bref, ceci est un album bien moyen de Manu Larcenet dans lequel on trouve quelques moments drôles, ainsi que certaines bonnes idées, mais dont l'ensemble n'arrive pas à satisfaire pleinement.