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adir est taxi, taxi dans la nuit, taxi dans Paris mais il fait rarement la sortie des boîtes de nuit depuis qu'un soûlard a fait ses besoins sur sa belle banquette en cuir. Nadir est un vrai chauffeur de taxi, que Romain Multier et Gilles Tévessin ont suivi pendant plusieurs mois pour en savoir plus sur son quotidien. Et là, c'est la surprise : Nadir n'est pas grossier, ni malhonnête. Il est plutôt cultivé, a un profond respect pour ses clients et n'écoute pas Rires&Chansons !
Loin d'être un reportage "caméra à l'épaule" sur la vie de chauffeur de taxi, un Taxi nommé Nadir est plutôt une suite de moments choisis, d'anecdotes qui, mises les unes après les autres, brossent un portrait des plus intéressants sur la vie de ces "travailleurs de la nuit" qui jouissent d'un dédain général de la part d'une population pour laquelle "assis derrière un volant" rime encore avec "fainéant". Mais Nadir est loin d'être un fainéant. Et quand il raconte les crampes et les courbatures provoquées par la longue station assise, les discussions avec les clients, les trajets dans la nuit, on en vient à se dire que, finalement, ça a l'air relativement difficile, mais plutôt agréable d'être taxi... L'album est également bourré d'humour, de ces petites situations cocasses dont leur improbabilité même est la preuve qu'elles sont véridiques.
Le graphisme, mélange de décors à la gouache et de personnages au crayon, donne un effet intéressant de dessin d'enfant faussement naïf. Cependant, il croque avec justesse et précision les petits travers de la vie quotidienne, les mesquineries et les regards en coin que le héros affronte, lui, jeune maghrébin au volant d'une grosse Mercedes...
Entre humour et poésie, un Taxi nommé Nadir est un album que l'on finit le sourire aux lèvres, avec la ferme intention de guetter tous les taxis blancs. Qui sait, on pourrait tomber sur Nadir ...