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eunesse désoeuvrée, étudiants à la recherche d’un avenir, lycéens attirés par le vide et la mort, les héros se laissent aller. Mais alors qu'ils végètent, des rencontres et accidents opportuns leur rappellent que la vie mérite qu'on s'y accroche un instant de plus.
Le titre de l’album est une belle antiphrase. Le Monde formidable d’Inio Asano est loin d’être idyllique. Au contraire, il décline à travers plusieurs nouvelles le mal-être de jeunes qui portent sur leur existence comme sur la société un regard las et désabusé. L’amour également y semble promis à la médiocrité ou du moins à l’absence de passion. Le système scolaire avec ses concours, les rivalités et les violences entre élèves sont aussi évoqués. L'ensemble est intéressant, mais l’album est avant tout une succession de constats d’échec à peine illuminés par un mince espoir d’un renouveau à la fin de chaque récit. Connaissant apparemment bien le thème qu’il traite, l’auteur livre des séquences instantanées sans réelles introduction ni conclusion. Au lecteur d’y puiser de quoi alimenter sa réflexion et d’apporter sa propre réponse aux questions que se posent les personnages sur l’utilité de leur existence et ce qu’ils veulent ou peuvent en faire.
Le dessin, réaliste, apporte un soin particulier aux expressions des visages qui se ressemblent un peu parfois. L’alternance de plans fixes et de cadrages en plongée ou contre-plongée illustre bien la vacuité de la vie des protagonistes et le rappel de périodes plus fastes ou le déclic qui leur permettra de prendre un nouvel envol.
Difficile d’apprécier convenablement Un Monde formidable. Plus proche de la simple observation que de la critique même déguisée, cet album compte sur le lecteur pour tirer des conclusions. Ce ne sera pas forcément du goût de tout le monde.