Info édition : Cahier graphique de 10 p. Format 195 x 265 mm.
Résumé: Il était une fois une petite fille de la ville qui habitait dans un immeuble au milieu des immeubles. Dans son immeuble, personne ne se connaît et pourtant tout le monde se déteste, se jalouse, s’espionne, se dénigre, se menace. La petite fille, contaminée par la haine de son entourage, va établir un plan diabolique pour tuer tous ses voisins et toute sa famille, à commencer par son petit frère, que l’on retrouve écrabouillé sous la cabine de l’ascenseur…
C
ette petite fille-là, avec son déguisement de fée et son sourire angélique, pourrait ressembler à n’importe quelle autre. Lorsque ses parents ne s’en occupent pas – c’est-à-dire bien souvent – elle passe son temps dans sa chambre, au sein de ce HLM délabré et miteux. Son jeu favori ? Organiser son petit palais, truffé de pièces et de personnages en tout genre. Aujourd’hui, elle a un nouvel élément à placer dans sa maquette : un ascenseur, sous lequel se trouve un personnage inanimé… Son frère vient de mourir dans des conditions identiques, écrasé par l’engin dont la vétusté était pointée du doigt par les habitants depuis longtemps. D’aucuns pourraient penser que cette mise en scène est une manière, pour la petite fille, d’extérioriser son traumatisme. En vérité, il s’agit plutôt d’une reconstitution sadique…
Plus d’une décennie après Un léger bruit dans le moteur, adaptation du roman du même nom de Jean-Luc Luciani et lauréat du prix SNCF du polar 2013, Gaet’s (RIP, Fan Man, Dinodyssée) renoue avec cet univers. Les deux histoires se font écho l’une à l’autre, à commencer par la couverture, mais il ne s’agit pas d’une suite. Le scénariste a opté pour un one-shot autonome, pouvant être lu indépendamment, reprenant l’ambiance et les codes de la première œuvre. Au décor d’un village de campagne agité par les meurtres d’un petit garçon succède, ici, un huis clos pesant, dans l’environnement urbain d’un immeuble voué à une prochaine destruction. Le tour de force réside dans le mélange subtil (et effroyable) entre l’âge de la protagoniste, les allures naïves de l’intrigue et l’horreur des faits narrés. Les récitatifs, rédigés avec soin, prennent le ton d’une histoire banale racontée par une fillette au vocabulaire encore incomplet. Mais ne vous y trompez pas, Un léger goût sous le palais n’a rien d’un livre à mettre entre des mains innocentes.
Plongée au cœur de pulsions meurtrières aussi brutales que déshumanisées, le récit met surtout en lumière ce que l’âme humaine peut recéler de plus abject. Égoïsme, racisme, infidélité, perversion sexuelle, vengeance, délation, viol… c’est un concentré de tout ceci que proposent les auteurs sur une centaine de pages parfaitement rythmées. Pour les mettre en images, Étienne Friess a pris avec brio le relais de Jonathan Munoz qui avait officié sur le premier opus. Il parvient à conjuguer un trait et un chara design pouvant rappeler la bande dessinée destinée à la jeunesse et une dimension poisseuse omniprésente, accentuée par le choix d’une gamme de couleurs restreinte. Tout est beau et affreux à la fois et laisse un (dé)goût amer sous le palais du lecteur.
Récit aussi sordide que succulent, Un léger goût sous le palais est un polar addictif à lire et relire !
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Les avis
GOYOT JEAN-PAUL
Le 18/10/2025 à 11:35:15
dans la lignée de la série RIP. La vie dans un immeuble misérable où se côtoient des personnages singuliers dont une petite fille à priori sans méchanceté mais qui s'avère sans pitié pour celui ou celle qui se met en travers de sa route.