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ythe ou réalité, que se passe-t-il derrière la grille du parc qui effraye tant la population locale ? Pourquoi mademoiselle Husky, qui enseigne l’art plastique aux enfants, insiste-t-elle pour y effectuer son exposition ? Pendant que Topinanbour l’éléphant et Snobi le chien préparent activement leurs projets respectifs pour cette dernière, c’est un peu à toutes ces questions qu’Ana qui vient d’intégrer la presse underground, va essayer de répondre. Cela malgré certaines réticences de son rédacteur en chef, peu enclin à envoyer au charbon une bleue ou souhaitant préserver certains secrets...
Si le ton et l’ambiance sont clairement liés à l’enfance, la narration n’y est pas nécessairement adaptée. La multitude de sujets abordés, des longueurs et ponctuellement le manque de liant entre les événements constituent de sérieux obstacles à une lecture facile. Le lecteur plus âgé n’y trouvera pas son compte non plus, les thèmes sont survolés et d’approche par trop simpliste. Il est aussi difficile d’adhérer, voire de s'identifier aux personnages qui manquent de profondeur. Cela même si la vocation première de la bande dessinée jeunesse ne doit pas être de livrer des êtres aseptisés et l'on s’interrogera longtemps sur le caractère déprimé de Topinanbour. A l’opposé, si le dynamisme survitaminé d’Ana risque fort d’agacer les grands, il devrait réjouir les petits.
Le dessin et le monde créés par A. Rénier font eux appel à l’imaginaire et amènent de bonnes idées. En témoignent les sous-sols de cette ville, fortement inspirés de certaines activités prisées de parcs d’attractions modernes, ainsi que la maison bulle sur chenilles de mademoiselle Hursky. On peut même regretter que cet aspect loufoque n’ait pas été plus exploité. Par contre, l’utilisation de personnages/animaux n’apporte pas un plus conséquent, si ce n’est des situations quelques peu incongrues, mais est-ce là un réel atout ? Enfin, on ne peut que regretter la non mise en couleur qui dans ce contexte précis aurait pu être sympa.
Le mélange des niveaux de lecture qui en résulte, exercice difficile, n’est pas forcément une grande réussite. Le côté fourre tout de l’ensemble n’y est sans doute pas pour rien.