Info édition : Noté "Première édition". Avec jaquette.
Résumé: Londres, 1843. Tous les habitants, les mieux lotis comme les plus démunis, s'apprêtent à fêter Noël. Tous, à l'exception de Scrooge. Aux yeux de cette riche commerçante, insensible au malheur des autres comme à l'atmosphère de liesse qui baigne la cité, seuls le travail et l'argent ont de l'importance. On la dit radine, égoïste et mesquine. Elle préfère considérer qu'elle a l'esprit pratique. Et tandis que les festivités illuminent la ville et le cœur de ses habitants, Scrooge rumine sa misanthropie... Une nuit, des esprits viennent lui rendre visite. Ils l'emmènent avec eux, à la rencontre de la jeune fille qu'elle était, quelques années plus tôt, lorsque la cupidité n'avait pas encore rongé son cœur. Mais aussi à la découverte de celle qu'elle aurait pu devenir si elle avait choisi la voie de la bonté... Après le Bartleby d'Herman Melville, José Luis Munuera adapte librement un autre classique de la littérature anglo-saxonne : Un chant de Noël, de Charles Dickens. Munuera s'empare ainsi d'un des chefs-d’œuvre de l'écrivain anglais, paru en 1843, et féminise le personnage de Scrooge. Une relecture délicieuse, à savourer pour les fêtes !
À
l’heure où la joie envahit les rues de Londres et le cœur de ses habitants, Scrooge peste. Elle déteste Noël. Mais, une fois de plus, sa fichue nièce a cru bon de l’inviter à partager un repas dispendieux et son commis lui a demandé son congé pour fêter cela en famille. Tout ce que voit Elizabeth, là-dedans, ce sont les dépenses somptuaires. Elle, elle a mieux à faire : du profit. Pourtant, cette nuit singulière de 1843, une valse d’ectoplasmes va l’entrainer dans les profondeurs de ses souvenirs et lui dévoiler d’autres possibles. L’intéressée en sortira-t-elle transformée ?
Ah, le vieux grigou de Scrooge ! Qui ne le connaît pas ? Modèle des radins insensibles de tout poil depuis la publication du roman de Charles Dickens, il peuple de nombreuses adaptations, au cinéma (dès 1901 !), à la télévision, à l’opéra, au théâtre ou encore en bande dessinée – à commencer par un certain Picsou. Il fait peur, inquiète et invite, par sa mésaventure aboutissant en illumination, à se rappeler que la chaleur d’un foyer et d’un entourage aimant vaut bien davantage que l’exploitation pécuniaire aveugle et froide.
Dans la variation signée par José Luis Munuera (Bartleby le scribe, Les cœurs de ferraille, Zorglub), avec Sedyas aux couleurs, le cœur de pierre à la sinistre figure troque la redingote pour les jupons, Ebenezer devenant Elizabeth, l’homme vieillissant se métamorphosant en femme aussi belle qu’altière. Si la trame reste la même et que les voyages avec les esprits des Noëls passés, présent et à venir se déroulent globalement selon l’histoire d’origine, le ton est plus mordant. Fière de son parcours, assumant entièrement son inflexibilité, la principale protagoniste s’en laisse moins conter que son alter-ego mâle. Dans ses échanges avec ses proches comme avec les fantômes, elle se montre piquante et souligne les difficultés pour une dame d’évoluer dans un milieu exclusivement masculin. Elle sait également admettre ses propres failles. Même le dénouement, quoique positif, n'aboutit pas à un happy end sirupeux, mais plutôt à un entre-deux.
La mise en image se révèle réussie. La Srooge de Munuera possède de la prestance et de la présence. Son regard gris est vif, son expression revêche, au rebours des mines réjouis des autres personnages. Son coup de crayon peint de façon convaincante les artères, toits et façades de la capitale britannique en proie à l’hiver. La partition graphique est rehaussée par des teintes souvent gris-vert, bleues ou brunes, les pointes plus colorées étant réservées aux spectres et à une scène de bal. Enfin, l’album lui-même a fait l’objet d’un soin particulier des éditions Dargaud.
Conte indémodable, Un chant de Noël prend une tournure plus moderne et cela fait plaisir. S’il n’a pas été glissé au pied du sapin, il est temps de se pencher dessus.
Les avis
CamelRichie
Le 05/01/2024 à 13:36:36
UNE PURE MERVEILLE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Fabuleux. L'époque Victorienne dans toute sa splendeur.
Les décors ... magiques. Les arrière plans en demie-teinte. Extraordinaire.
Les personnages ... Avoir remplacé le vieil usurier Ebezener Scroodge par un Dame ... Et quelle Dame ...
Fabuleux. De quoi balayer le féminisme WOkiste d'un revers de main.
J'adore Dickens et cette époque, mais là .... Chapeau
Cette album rejoint le Panthéon (Top 10?) d'une collection de 5,000 BDs
Joyeux Noel à tou(te)s ... ou plutôt Merry Xmas
Erik67
Le 13/05/2023 à 09:26:53
Au début de cette adaptation du célèbre conte de Charles Dickens sur l'esprit de Noël, j'ai été fort surpris de voir que l'auteur espagnol José-Luis Munuera avait remplacé l’affreux Scrooge par une femme. Comme si cela ne suffisait pas de voir des femmes dans de mauvais rôle, il fallait encore lui coller celui de l'avarice et de la vénalité.
J'avoue avoir tiqué un peu au nom sans doute d'une égalité homme-femme. Je sais que cela commence par la représentation de la femme dans des œuvres aussi anodine qu'une bande dessinée et parfois un rôle au cinéma sans compter sur les affiches publicitaires.
Puis, à un moment donné, l'auteur fait parler son anti-héroïne pour donner son explication de ce choix quelque peu douteux. Il est vrai qu'elle est perçue comme une madone ou une putain, comme une sainte ou une sorcière.
Je sais que c'est le genre de BD qu'il faut lire en décembre pour être un peu dans le bain. J'avais entendu parler de ce titre grâce à vos très nombreux avis élogieux. Moi aussi, je me laisse influencer par ce que vous lisez et qui mérite attention. Et généralement, je ne suis pas déçu.
Munuera possède un trait à la fois lisible, fluide et très agréable à l’œil. A noter que ces décors sont toujours aussi envoûtants. Il sait très bien jouer avec la couleur pour se sentir à l'aise dans la nuit ou le brouillard voire la neige londonienne. Bref, c'est toujours un aussi beau travail graphique.
On observera beaucoup d’émotions humaines dans cette histoire que cela soit la colère face aux injustices ou à la pitié et la miséricorde. C'est une lecture qui ne laisse de toute façon pas indifférente.
En conclusion, une adaptation fort réussi et modernisé de ce vieux conte de Dickens dont les thématiques restent toujours aussi actuelles.
Touriste-amateur
Le 21/03/2023 à 12:11:56
L'histoire (dont je ne sais pas si elle est une interprétation libre ou fidèle du conte de Charles Dickens) est relativement classique, genre si on l'actualisait, celle d'un "moi moche et méchant".
Donc, un scénario à la chute relativement prévisible. Mais surtout, cette histoire est portée par des dessins superbes, envoutants, à la finesse exquise qui dépeint bien l'atmosphère de ce conte un brin fantastique.
A lire, relire et à offrir (pour Noël?...). C'est tout public!