Info édition : Avec cahier de croquis de 8 pages. Par erreur l'EO porte la mention "deuxième édition"
Résumé: Le mitraillage non programmé, en 1943 de l'immeuble de la Gestapo de Bruxelles par un pilote Belge, ne fut pas sans conséquences. Selon certaines sources, non confirmées, la découverte parmi les cadavres en uniforme d'un homme n'appartenant pas à l'organisation nazie et plus tard identifié comme faisant partie d'un réseau de résistance provoqua le démantèlement de celui-ci et la mort de nombreux patriotes Belges. Jean, très fortement éprouvé par la mort accidentelle de son ami Raymond, commet une bourde monumentale au cours de la mission qui s'ensuit. Son erreur aurait pu se terminer de façon irréparable et catastrophique : En conséquence de quoi, il n'échappe à l'exclusion de la chasse que grâce à la compréhension de son Flying Officer. Mais nerveusement très éprouvé, il s'avère ingérable et placé au repos pour quelque temps . La capture d'un pilote allemand posé par inadvertance sur la base anglaise et un signe reçu de son frère lui indiquant qu'il est en vie et qu'il poursuit le combat, comme il le lui avait promis, lui permettent de reprendre pied, au du moins de décider qu'il n'a pas d'autre choix que de poursuivre vers la destinée qu'il s'est choisie. Il reprend les missions et se perfectionne dans le métier de pilote de chasse en rongeant son frein dans l'attente de passer à l'action. Parallèlement, en Belgique, Simon a reçu ses ordres des chefs de la résistance nationale : Les deux frères ignorent qu'ils ont désormais le même objectif situé au 453 de l'Avenue Louise à Bruxelles. Le 20 janvier 1943, leurs destins s'y croiseront. C'est cette histoire, largement romancée, qui est la base de "Typhoon". Tous les évènements qui y sont racontés se sont réellement déroulés au cours du conflit mais ils sont intervenus dans la vie de protagonistes très divers.
U
n matin de janvier 1943 à Bruxelles, un pilote de la RAF crible d'obus l'immeuble qui abrite la Gestapo. Préparée en secret depuis quelques semaines, cette mission n'avait cependant pas reçue d'autorisation officielle. Dans les décombres, les nazis retrouvent parmi les victimes un corps qui n'appartient pas à leur service. En effet, c'était un agent infiltré appartenant à la résistance. Mais qui était cet espion ? Dans cette seconde partie de dyptique, Jean, encore sous le choc d'avoir perdu son coéquipier Raymond, multiplie les erreurs et se remet en question. Comment rendre hommage à son ami et à Simon, ce frère qu'il a laissé derrière lui en territoire boche trois ans auparavant ?
Christophe Gibelin, à partir d'un fait historique authentique et de la vie de l'aviateur belge le Baron Jean De Selys Longchamp, invente une intrigue passionnante et cohérente. Par le biais d'une double narration, linéaire et épistolaire, le lecteur suit le cheminement des pensées de Jean. Ce procédé efficace permet ainsi de comprendre les motivations profondes qui ont poussé ce militaire à cet acte courageux certes, mais qui reste une insubordination ayant causé le démantèlement d'une organisation destinée à lutter contre l'ennemi allemand. Donc, un bien ou un mal ? Chaque action a ses conséquences, ce tome le démontre clairement en opposant le destin de deux êtres d'une même famille, mais à mille lieux l'un de l'autre.
Fan de machines volantes (voir sa précédente série Les Ailes de Plomb), l'auteur livre un très beau travail de reconstitution de la base et de cet avion, considéré comme l'un des meilleurs chasseur-bombardier de la Seconde Guerre mondiale, le Typhoon. Au sol ou dans les airs, dans les scènes de combat ou lors de ballets aériens, il se dégage, grâce à la mise en page et au cadrage audacieux, fluidité et dynamisme. Dommage que les personnages ne bénéficient pas de la même aisance, car leurs visages manquent de distinction. Il n'en reste pas moins que le trait relativement fin et le graphisme épuré, notamment sur les décors, mettent en valeur les éléments importants. Le tout est mis en couleurs dans des camaïeux doux de gris et sépia, rehaussé au besoin de touches dans des tons plus vifs.
Voici une bande dessinée autour de l'aviation mais pas que, car elle sort du lot grâce à une construction narrative originale (voix off manuscrite), une exploration psychologique captivante du héros, un scénario solide et un dessin qui va à l'essentiel.
Les avis
Saigneurdeguerre
Le 12/01/2020 à 18:44:25
Avril 1942, Angleterre.
Un avion léger Lysander se pose. A son bord, le capitaine de Seys qui apporte des nouvelles fraîches de Belgique où il dirige un réseau de résistance.
Critique :
Comme mentionné dans le premier volume, je ne suis pas fan des dessins des personnages, les nez m'indisposent, n'est pas Cléopâtre qui veut. Heureusement, les avions sont beaucoup plus réussis. On voit tout de suite quelle est la passion de Christophe Gibelin. Un autre aspect très dérangeant, ce sont les changements de lieux, sans aucune précision, dans la même planche… Il y a de quoi se perdre. Je n'ai jamais aimé les puzzles fussent-ils en bandes dessinées.
Une fois encore, je manifeste mon regret de voir cette BD s'éloigner de l'histoire de Jean de Selys dont elle s'inspire pour l'essentiel : le mitraillage du siège de la Gestapo de Bruxelles.
A cela, l'auteur ajoute la découverte parmi les victimes d'un faux officier allemand, ce qui va permettre à la Gestapo de remonter un réseau de résistants et de les arrêter… Personnellement, j'ai toujours eu du mal à croire qu'un résistant, même déguisé en officier allemand, se balade dans le siège de la Gestapo avec la liste des membres de son réseau… Fera-t-on un jour toute la lumière sur cette affaire qui, je pense, n'est qu'une belle légende ? le baron de Selys a été rétrogradé pour désobéissance et pas pour la perte de ce pseudo espion…
Pourtant, Jean de Selys Longchamps est réellement un aventurier d'une trempe exceptionnelle. Il suffit de suivre son parcours depuis le 10 mai 1940 jusqu'à son décès le 16 août 1943, au retour d'une mission sur Ostende. Il s'écrasa à l'atterrissage à Manston et fut tué.
Le Typhoon n'est redoutable, comme chasseur, qu'en dessous de 3000 mètres. Mais c'est une plate-forme de tir exceptionnelle avec ses 4 canons de 20 mm auxquels venaient souvent s'ajouter 8 roquettes ne laissant aucune chance aux chars qu'il va massacrer en Normandie, surtout, offrant un appui remarquable aux forces terrestres. Il pouvait aussi transporter 2 bombes de 227 kg. C'est donc davantage un avion d'attaque au sol qu'un chasseur comme pouvait l'être le Spitfire. Les roquettes n'eurent qu'un faible taux de réussite à cause de leur imprécision (certains spécialistes parlent de 4% de tirs au but), cependant, leur effet psychologique fit que souvent les équipages abandonnèrent leurs blindés lorsqu'ils étaient attaqués par des Typhoon. Leurs 4 canons de 20 mm, eux se montrèrent terriblement efficaces contre locomotives et véhicules de toutes sortes. C'est surtout en Normandie que le Typhoon connut son heure de gloire. Les pilotes ne l'aimaient pas beaucoup à cause de ses pannes à répétition et d'un nombre élevé d'accidents.