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mmanuel Proust Éditions se diversifie en publiant Turf, le best-seller de Jonathan Ross et Tommy Lee Edwards, et enrichit sa collection Atmosphères, faisant ainsi preuve d’un éclectisme éclairé qui permet de découvrir des œuvres aussi différentes que Do androïds dream of electric sheep, Vies à contre-jour, Janet Burroughs, Le Baiser de l'orchidée ou bien encore Papeete, 1914. Parue initialement aux USA, entre 2010 et 2011, en cinq opuscules d’une trentaine de pages, la série se présente aujourd’hui, dans sa version française, sous forme d’un diptyque avec une couverture au vernis sélectif brillant sur fond mat du plus bel effet et un grammage de papier tactilement séduisant.
Une fois abordée la forme, qu’en est-il du fond ? Côté synopsis, il convient d’avouer que celui-ci peut surprendre. Une colonie de vampires roumains élit domicile à New-York et décide d’assouvir son addiction à l’hémoglobine en faisant main base sur la ville. S’ensuit une guerre des gangs dont l’issue ne peut-être que dans l’anéantissement des uns ou l’asservissement des autres. Eddie Falco, leader malgré lui de la rébellion des gangs exsangues, trouve une aide providentielle en la personne de Squeed, contrebandier extraterrestre venu se crasher dans Coney Island. De concert, ils pourront bouter les fils spirituels de Dracula hors de Manhattan. Mafieux, extraterrestre et vampires, il fallait oser : Ross et Edwards l’ont fait !
Au-delà d’un scénario complexe où flics pourris, caïd repentant, journaliste amoureuse, vampire humaniste, alien en rupture de ban et deuxièmes couteaux s’aiment ou s’entretuent (cas le plus fréquent), ces deux albums sont l’occasion d’apprécier le talent de Tommy Lee Edwards. Malgré un trait parfois (trop) appuyé, son graphisme s’inscrit totalement dans la culture comics. Cependant un certain statisme des protagonistes peut lui être reproché et ce malgré un découpage qui ne laisse que peu de temps à l’introspection. À noter dans un souci didactique, une densité de phylactères qui frôle parfois la saturation alors que de nombreuses planches se suffisent largement à elles-mêmes. Violent, parfois à la limite du sadisme, ce diptyque joue sur le registre du sordide et du sanguinolent, ce qui ravira les amateurs du genre.
Cette rencontre improbable entre le vieux routier des plateaux télé anglo-saxons et le dessinateur américain fonctionne bien. Une histoire 100% blended & bloody !
Les avis
Erik67
Le 22/12/2020 à 15:30:46
Après "Cowboy et envahisseur", voici prohibition et extraterrestres ou Al Capone contre les vampires au choix. Bref, un mélange de genre qui a eu beaucoup de mal à passer en ce qui me concerne. C'est sans compter sur le bavardage un peu inutile sur de petites cases et le tout sur un format lilliputien. Au final, c'est très lourd et indigeste en ralentissant sérieusement le rythme du récit.
L'héroïne est une journaliste avec un look des années folles et en mal de sensations fortes qui mène une enquête assez morbide sur fond de guerre des clans mafieux. Comme dit, ce mélange original a produit l'effet dégoût intégral. Par ailleurs, le dessin manque sérieusement de précision. On peut dire que c'est la totale. Je serai quand même indulgent dans ma notation car il fallait quand même oser mélanger aliens et vampires dans le New-york sombre et violent de la prohibition. Voilà ce qu'entraîne le manque d'alcool !