A
lors qu’il rentre de soirée, Steven fait une macabre découverte : sa femme est pendue dans le salon. Affecté par ce suicide, il trouvera quelques temps plus tard le réconfort nécessaire auprès de Tara, un amour d’enfance. Leur nouvelle vie de couple semble se dérouler à merveille, mais les choses se gâtent petit à petit et Steven découvre qu’il ne peut pas lui faire confiance aussi aveuglément qu’il le pensait. Pourtant son avenir en dépend.
Ne vous fiez pas aux apparences désuètes dégagées par cet album et ses planches à huit ou dix cases, fleurant bon les bandes dessinées d’avant-guerre. Tue-moi à en crever est très récent puisque David Lapham l’a publié en 2001. C’est donc a bon escient qu’il s’est approprié les codes du genre pour réaliser un coup de maître. Tout les ingrédients nécessaires à un très bon polar sont présents : un suicide suspect, des meurtres en pagaille, une belle blonde qui revient après des d’années, des seconds couteaux. Lapham ne ménage pas la descente aux enfers de son personnage, il le malmène, joue avec lui comme un pantin et nous assistons avec jubilation à son parcours pour le moins chaotique avant de découvrir la vérité. C’est violent et cruel comme savent l’être ces récits noirs. L’album n’est pas pour autant haletant d’un bout à l’autre, et durant les 240 pages, des longueurs apparaissent régulièrement. La fin, sans grande surprise, apporte un dénouement classique à une histoire très bien construite dans l’ensemble.
Le dessin en noir et blanc de Lapham est parfait pour illustrer la descente aux enfers de Steven, il arrive avec beaucoup de talent à jouer avec les émotions de son héros et des autres personnages. Les scènes de batailles et autres bagares ne sont pas en reste avec des mouvements particulièrement réussis. L'utilisation de 8 à 10 cases par planches donne une densité importante à l’album, tout en contraste avec la fin bâtie sur un découpage reposant sur des planches de deux cases. L'’effet est saisissant et bien pensé.
Tue-moi à en crever où comment un polar dense mais classique place David Lapham parmi les grands auteurs du genre. Un comic à ranger auprès des très bons Les Sentiers de la Perdition ou A History of Violence dans la même collection, même s'il apparaît un peu en deça, car plus gentil et moins sordide que les deux autres.
>> Lire la chronique de "A History of Violence
Les avis
mougenot
Le 26/08/2006 à 11:50:05
Un très bon polar, qui reflète très bien cette ambiance noire, très noire...Le dessin, pas très révolutionnaire, quoique, désoriente totalement le lecteur, qui croit être replongé dans une ambiance "d'avant guerre" pour reprendre les mots d'Ar sparfel. Un très bon cru, qui se lit d'une traîte, malgré ses 236 pages.