Résumé: Quel est le point commun entre une ouvrière, l'adjoint d'un maire FN, la 38e fortune de France, un SDF épris de Brassens et un petit dealer atteint de la maladie des os de verre ? Comme bien d'autres, ils ont été assassinés. Et les profils de ceux qui ont mis fin à leurs jours étaient tout aussi hétéroclites - autant que leurs motifs. Ce livre raconte leurs histoires, narrées à la radio par Christophe Hondelatte, et inscrit leur singularité dans une dimension universelle. Les « faits divers » n'ont jamais aussi bien porté leur nom.
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i]Tu ne tueras point est une adaptation de dix récits radiophoniques de Christophe Hondelatte. Des crimes passionnels, des passages à l’acte prémédités, des suicides supposés, des petits malfrats malchanceux, le grand banditisme violent et surtout des enquêtes qui ne lèvent pas toujours le voile du mystère. L’album condense des faits divers bien franchouillards et absolument disparates. Bref, c’est arrivé près de chez nous et cela ne finit pas de désespérer quant à la nature humaine.
Jean-Louis Tripp est un auditeur fidèle de l’émission Hondelatte raconte diffusée sur Europe 1. Et il a manifesté, par l’entremise d’un ami, l’admiration qu’il porte aux affaires criminelles telles que le journaliste les conte. Ce dernier lui propose alors de faire vivre ces passionnantes chroniques sur papier glacé. Ignorant les particularismes du médium, l’homme de presse lui signe même un blanc-seing. Une aubaine !
Le coauteur de Magasin Général sélectionne ainsi des historiettes hétéroclites tout en excluant d’emblée les drames relevant de serial killers. Il opte pour de la Bd-documentaire et instaure une distance avec les événements par des didascalies évocatrices et sans jugement. Le scénariste se borne à essentialiser les circonstances en une poignée de pages et élude toutes sortes d’émotions. De prime abord, le lecteur peut légitimement redouter que la multiplication d’anecdotes dilue l’intérêt de l’ouvrage. Fort heureusement, c’est l’inverse qui se produit. Dans la diversité des homicides, les galeries variées permettent d’aborder en creux un pays et sa justice.
Cyril Doisneau soutient la neutralité de la narration par un graphisme sobre et non-caricatural. Le dessinateur évite de s’épancher sur les sentiments des mises en cause, renforçant l’objectivité des nouvelles. Pas de cadrages resserrés, pas de larmes, ni de regards qui en disent long. Son trait ouvert et synthétique est simplement complété de quelques hachures. Cette impartialité s’exprime également par la mise en couleur. L’artiste restreint sa palette à huit teintes, étalées et superposées par aplats. Douceâtre mais pas insipide !
Tu ne tueras point passionne, étonne et interroge tout en prenant à contre-pied l’une des caractéristiques essentielles de l’art séquentiel, à savoir la représentation du ressenti. Prudent, le livre n’en demeure pas moins captivant.
Les avis
Erik67
Le 04/05/2022 à 07:35:00
Il est normal de ne pas tuer son prochain. Mais bon, l'auteur va s'intéresser à ceux qui tue d'autres êtres humains ce qui n'est pas conforme à la morale, aux lois et à la religion. Mais bon, ce genre de choses peuvent malheureusement arrivé de différentes manières. C'est ce que va explorer cette BD à travers 10 affaire criminelles assez marquantes de ces dernières années.
A noter qu'il s'agit de récits adaptés de nouvelles radiophoniques par Christophe Hondelatte sur les chaînes de radios pour les connaisseurs. J'ai trouvé cette adaptation fort réussie pour ma part avec un excellent dessin de Cyril Doisneau.
La première affaire est d'ailleurs assez bizarre entre suicide et dénonciation de crime imaginaire. L’acquittement sera prononcé suite à la plaidoirie de Maître Dupond-Moretti, l'as du barreau à la tête actuellement du ministère de la justice.
On se souvient également de l'affaire Pierre Conty qui ne permettra pas l'arrestation de cette assassin condamné à mort par contumace et qui coule des jours heureux en Afrique du Nord protégé par certains gouvernements ayant une haine pour notre pays.
J'ai été choqué par le verdict rendu dans l'affaire de Marcel Maret mais comme dit, la justice est passée et le verdict populaire est souverain. On se rend compte qu'il y a vraiment une justice à deux vitesses.
Le point commun semble être que chacun peut être concerné car personne n'était prédestiné à être un tueur. Cela fait peur bien entendu. Je n'aime pas l'insoupçonnable.
Que dire également de l'erreur judiciaire concernant Claude Nobilé ? Si les vénérables forces de l'ordre avaient fait leur travail correctement, sans doute on aurait pu éviter une vie détruite. Mais bon, on ne peut pas tout leur demander.
Certes, on peut voir cette ouvrage comme une compilation de faits divers plus ou moins sordides, mais c'est surtout le révélateur de ce qui ne fonctionne pas dans notre société pour aboutir à de tels excès.
Cette chronique judiciaire se révèle tout à fait passionnante. Les récits sont bien construits et illustrés de manière à rendre la lecture fluide et agréable sur un sujet difficile.