Résumé: La situation du royaume de France est critique. Le bruit court que l’assassinat de Jean sans Peur n’était qu’un traquenard tendu par le Dauphin et fomenté par son homme de main, Tanneguy du Châtel. Ce dernier proclame son innocence, mais sa simple présence devient désormais un fardeau. Plus grave, le nouveau duc de Bourgogne, Philippe, compte bien venger son père, quitte à laisser la couronne de France à Henri d’Angleterre…
L
’entrevue de Montereau entre Jean de Bourgogne et le dauphin Charles a tourné court. Le duc est mort et le prince est accusé d’avoir tendu un traquenard pour l’assassiner sur les conseils de Tanneguy du Châtel. Bien qu’il proclame son innocence, ce dernier devient encombrant et perd de son crédit lorsqu’arrivent à la cour de Charles, Pierre de Giac et son épouse Jeanne, l’un âme damné de Jean, l’autre éprise d’Henri d’Angleterre et suivant ses ordres. La situation empire quand Philippe, héritier du duché de Bourgogne fait savoir qu’il entend venger le meurtre de son père en acceptant l’aide des Anglais. Il consent même à ce qu’Henri V accapare la couronne de France grâce à son mariage avec l’une des sœurs du dauphin, déclaré bâtard par sa propre mère.
Dans ce troisième volet du Trône d’argile, France Richemond et Nicolas Jarry développent les conséquences du drame qui s’est noué à Montereau dans l’album précédent. Encore une fois, les scénaristes s’attachent à rendre abordable et passionnante une succession d’évènements historiques peu aisés à appréhender et mal connus.
En l’occurrence, dans Henri, roi de France et d’Angleterre, ils mettent en avant les tractations, manipulations et jeux politiques qui ont lieu en coulisses – ou non – durant l’année 1420 et qui conduisent le royaume de France dans l’escarcelle d’Henri V. L’action pure étant mise de côté, le lecteur a tout le temps de cerner le caractère des personnages, de saisir les enjeux des transactions, de remarquer les évolutions qui se font jour tant dans le tableau général que chez certains protagonistes. Ainsi, la pusillanimité du futur Charles VII ressort sous l’influence de Pierre de Giac. De même, le dépit de la femme de celui-ci d’avoir été écartée par le souverain anglais est souligné par quelques images fortes et éloquentes, laissant supposer que cela aura peut-être son importance par la suite. Enfin, si elles restent encore succinctes et trop peu nombreuses pour ceux qui espèrent avec impatience son entrée en lice, les quelques apparitions de la future héroïne lorraine introduisent Jeanne de façon subtile, en éclairant d’une façon particulière ce qui deviendra sa vocation.
Accompagnant le récit, le dessin au trait net de Théo donne vie et relief à toutes ces figures ainsi qu’à l’atmosphère d’une France médiévale au bord du gouffre. Costumes et décors sont détaillés avec soin, tandis que les expressions et les sentiments sont bien rendus par des regards et des attitudes qui en disent long sur l’importance de ce qui se joue dans cet opus, tout comme le fait l’imposante couverture. Quant aux couleurs de Lorenzo Pieri, elles restituent les ambiances créées avec bonheur.
S’il en était encore besoin, Henri, roi de France et d’Angleterre confirme la très bonne tenue de la série. C’est avec plaisir qu’on retrouve ce pan d’Histoire et qu’on attend la suite.
Les avis
aldo 1975
Le 23/12/2013 à 16:57:33
Sur la forme d'abord, ce troisième volet est superbe, les planches de Theo s'aère et le trait s'affine, et que dire de la splendide couverture symbolique et lourde de sens sinon qu'elle est d'une grande finesse.
Le fond lui est un régal, le drame est à son paroxysme dans ce troisième tome. Qualité de l'écriture, scénario parfaitement rythmé, intérêt historique bref une série qui monte en puissance !
De la grande BD.
watchman
Le 24/02/2010 à 09:41:00
Remarquable série ou certes j'aurais pu mettre une note moins haute, car dire d'une oeuvre que c'est un chef d'oeuvre est subjectif. Ceci dit, tout comme murena m'a fait aimer l'histoire de la rome antique, ici aussi j'aime lire la guerre de cent ans comme cela. Mon avis va donc à la totalité des 3 premiers tomes (et ce sera certainement le cas pour le prochain tome). Les auteurs, scénaristes et dessinateurs sont en osmose complète, entre eux, et chose encore plus appréciable, avec l'histoire. Et pourtant, dieu sait si l'histoire m'a barbé pendant ma jeunesse. Ca se lit comme un roman haletant, les dessins sont magnifiques, et les scénaristes ont trouvé la formule magique pour que l'Histoire avec un grand H soit passionnante à lire, à dévorer que dis-je. C'est juste ce qu'il faut au niveau explicatif sans paraitre envahissant. Bref, une énorme réussite.
voltaire
Le 28/11/2008 à 20:34:09
Ah mes aïeux !
A relire cette série on se demande encore comment l'Angleterre a fait pour perdre la France. Car nos "brav'tits gars" sont bien mal en point entre le roi de Bourges vélleitaire et celui d'Angleterre, Henri V, diabolique stratège.
Comme quoi l'Histoire apporte parfois son lot de surprises.
En tout cas un grand coup de chapeau aux scénaristes même si cet album est plus "bavard" que les précédents, quant aux dessins que dire ...
La scène du dîner entre Bourgogne et Angleterre est emblématique du talent de Théo.
Décidément l'école italienne de dessinateurs est sans doute l'une des meilleures du moment. Sinon la meilleure quant à sa profondeur de véritables artistes.
olivius81
Le 11/08/2008 à 22:45:37
Le trone d'argile continue sur la voie de l'excellence avec un réel souci du détail historique. Les raisons et enjeux deu traité de 1420 sont bien mis en valeur, un récit captivant, clair sur les heures les plus noires du royaume de France miné par la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons et la lutte contre l'Anglois. Le graphisme est agréable, peut être un peu sombre. J'attend la suite avec impatience