C
haque être humain a ses limites, et l’une d’entre elles réside dans sa capacité à encaisser. Encaisser les humiliations, la violence latente, le bruit, la crasse... Vincent est un enfant de cet environnement. Jeune adulte, il n’en est pas encore sorti et se trouve du côté de ceux qui subissent. Existe-t-il une échappatoire ? Il ne se pose pas la question, il vit avec. Jusqu’à quand ? Sa soupape de sécurité, c’est Zidane, un lapin nain qui lui sert de confident. Son refuge, c’est sa chambre. Au-delà, l’enfer.
Si le contexte est celui d’une cité, l’atmosphère est à rapprocher de celle, sordide, du film de Felix Van Groeningen, La merditude des choses. En trente planches, les auteurs livrent un récit ancré dans le domaine du possible, brutal par ce qu’il montre, par ce qu’il raconte et par ce qu’il suggère. Ce premier album de Trilogie urbaine est dessiné par Didier Maheva, ceux à suivre le seront par Cubi (Retour à Plouc-Land à paraître en avril) et Arnü West (Spéciale dédicace à mamie prévu pour mai). Chaque tome aura donc sa personnalité propre, ce qui, à la vue du projet de Sylvain Ricard, le scénariste, semble cohérent. L’idée est d’aborder le caractère potentiellement déshumanisé des villes à travers trois brèves histoires « coup de poing ».
On a mangé Zidane tient pour beaucoup du roman noir contemporain. Excellent d'un bout à l'autre, l'album se referme sur une conclusion qui en est le point culminant et lui donne de la profondeur, justifiant tout ce qui a précédé.