Mise en image du roman de Cartarescu, qui conduit à une double mise en abyme : dans le récit de Cartarescu lui-même, le narrateur (à 34 ans, écrivant le livre, dans un hôtel, en hiver, près du lieu où se déroule l'action narrée) et le narrré (Victor, à 17 ans, dans une colonie de vacances, au printemps ou en été) ; mais aussi Baudoin en Roumanie et en Allemagne rencontrant l'auteur lui-même.
Histoire d'un passage difficile, d'une révélation, d'un adolescent qui ne peut accéder, et le refuse même, à l'humanité grasse (presque animale) de l'âge de sa génération.
On retrouve des obsessions de Baudoin, que lui-même révèle : par le petit garçon, qui apparaît deux fois dans le récit, et rappelle les livres des années 1980 (Passe le temps, etc.) et l'interrogation sur l'enfance ; la mise en images de romans qui l'ont marqué, et particulièrement le Procès verbal, de Le Clézio, qui marque, avec le Premier voyage et le Voyage, une interrogation sur le décrochage d'une personne à l'égard de son monde quotidien, sa volonté de s'enfuir. Ici, l'adolescent, Victor, est ailleurs, et le récit est plutôt celui d'une reconstruction, du retour difficile dans le monde normal (que semble avoir atteint l'auteur lorsque Baudoin le rencontre) par une auto-analyse douloureuse et fantasmatique.