Résumé: Un tour de force graphique qui reproduit le souffle grandiose du roman de Victor Hugo !Propriétaire de La Durande, un bateau qui vient de faire naufrage, Mess Lethierry est fou de rage à l'idée de perdre le moteur révolutionnaire de son steamer... Prêt à tout pour récupérer le moteur qui lui donnait gloire et richesse, il promet la main de sa nièce Déruchette à celui qui récupérera la machine ! Mais quelle âme risquerait de s'aventurer entre les deux rochers de l'écueil Douvres ? Gilliat, un pêcheur amoureux de Déruchette, accepte le défi ! Aussi robuste que rêveur, il va braver les flots et affronter la colère de l'océan au large de Guernesey. Sans autre témoin que le ciel dans cette lutte engagée contre la nature, Gilliat va ramener La Durande, qu'il a arrachée à tous ses ennemis ! Mais, lorsqu'il rentre en vainqueur, le coeur de sa jeune promise bat pour un autre. Acclamé par les hommes, le malheureux va faire un geste dont la simplicité rendra son sacrifice encore plus beau...
À la fois conte et drame héroïque, l'histoire de Gilliat nous bouleverse tout comme le dessin prodigieux de Michel Durand ! Grâce à un travail graphique titanesque, cet album entièrement réalisé en hachure illustre la grandeur de la nature et propose une lecture inédite du roman maritime et « industriel » de Victor Hugo paru en 1866. Le trait de l'artiste sublime la force des éléments, la conquête des machines par l'homme moderne mais aussi l'idylle et le drame qui se jouent dans cette oeuvre. Un album puissant pour un artiste au sommet de son art.
L
a mer reprend comme elle donne. Gilliatt est de ceux qui s’en accommodent et excelle en toute chose dans l’écume mais point sur terre. Pour autant, il existe à Guernesey, une sirène exilée des flots pour laquelle il se damnerait si seulement elle le lui demandait...
En matière d’adaptation, trop souvent les albums échouent sur les difficultés du genre et ne peuvent passer le cap de la simple illustration. Mais parfois, il en est, qui tant par la personnalité de leur auteur que par la qualité de leur graphisme, parviennent à une forme de symbiose avec l’œuvre originelle ! Tel est le cas de ce Travailleur de la mer de Michel Durand.
La volonté de créer un univers graphique proche de celui de la gravure est affirmée comme telle, à l’instar de celle de la planche bien faite, murie par le temps. De ces eaux pourraient émerger quelques trésors encrées ; toutefois, il s’agit ici de bien autre chose pour ce nouveau forçat de la mer qui œuvre selon les codes graphiques de la bande dessinée tout en imitant, à la plume... une technique de reproduction ! Les traits sont ainsi juxtaposés, patiemment alignés l’un après l’autre... Ainsi, leur somme se fait courbes, devient formes, rend les ombres ou définit des reliefs ! Tout ceci confine à de l’artisanat, à un sacerdoce qui tranche singulièrement avec la numérisation du 9e Art et la vitesse à laquelle la plupart des bandes dessinées paraissent, puis disparaissent.
Au-delà de la façon, il y a aussi la manière. Michel Durand joue sur la magie de rectitudes qui s’incrustant dans la blancheur du papier, lui confère vie. Une dramaturgie des sentiments et des éléments nait. À l’instar des écrits de Victor Hugo, les planches de Michel Durand font de ce quotidien un monument à la gloire de la mer et à sa violence, mais aussi à la vie et ses souffrances.
Travailleur de la mer s’admire autant qu’il se lit et pour l’occasion l’un ne nuit pas à l’autre.
La preview
Les avis
amphipat
Le 19/10/2024 à 16:14:12
Il m'aura fallu trois longues après-midi pour arriver au bout de cette merveille, analysant, disséquant, décortiquant chaque case, chaque plan, chaque planche. Que dire du travail de fou de Michel Durand si ce n'est MA-GNI-FI-QUE. Une claque graphique phénoménale sur un scénario magistral de Victor Hugo. Un must qui fait déjà partie du trio de tête des meilleures BDs que j'ai lues dans ma déjà longue existence. J'arrête là les superlatifs et invite tous les amoureux du 9e art à plonger (au sens propre) dans cet ouvrage fabuleux. Merci Messieurs Hugo & Durand.