Résumé: “La vie est une chienne et moi je ne suis bon à rien. Ne cherche pas à me revoir... Ton père”
Middle West, 1920. Le train des orphelins poursuit son périple vers l’Ouest. A son bord, le jeune Jim se lamente d’avoir perdu son frère, adopté à l’étape précédente. Il ne lui reste plus qu’Anna, sa jeune soeur, le mot que lui a laissé son père sur le quai de gare, et son copain Harvey. Ensemble, ils vivront encore bien des aventures qui conduiront Jim, près de 70 ans plus tard, aux archives de l’Orphan Train Society à la recherche de son passé et de celui des siens...
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L'enfer est pavé de bonnes intentions", cet adage résume le thème du Train des orphelins, la plus grande traite d'enfants de l'histoire des États-Unis sous couvert de bons sentiments. Entre 1853 et 1929, environ 250 000 mineurs "de race caucasienne" ont été transportés par chemin de fer de New-York vers l'Ouest pour y être adoptés de façon sommaire : dépossédés de leur nom, de leur culture et de leurs souvenirs, séparés de leurs frères et sœurs, souvent traités comme de la main d’œuvre gratuite, assignés aux travaux des champs et des mines. Certains meurent d'épuisement, d'autres sont restitués sur le quai de la gare lorsqu'ils deviennent "inutilisables". Quelques-uns, au physique plaisant, sont vendus à prix coûtant sous le manteau et seule une minorité aura la chance de trouver de vrais parents.
Le premier volume abordait le point de vue des enfants à travers les yeux de Harvey, de Jim et de sa fratrie embarqués en 1920, et des philanthropes de la bonne société, convaincus de donner leur chance à ces "vauriens et bâtards". Les passages longuets du volet d'ouverture présentant l'errance du vieil Harvey trouvent un sens dans ce second opus. C'est le tome de la vengeance pour l'octogénaire, qui vient réclamer des comptes, soixante-dix ans plus tard, à celui qui l'a trahi et dépossédé de son passé, de sa famille et de son avenir. Ce volume interroge sur l'identité et sur ce qui la prouve. Il apporte aussi un autre angle de vue, celui des mères "indignes". Ces femmes, qui, pressées par la honte, la misère, les dames patronnesses avides d'assurer la place de leur âme en s'occupant de celles des autres ou par un pater familias qui exerce son droit antique d'exposition (abandon sur un tas d'ordures), confient leurs petits à l'adoption. Leur désespoir va jusqu'à marquer le bébé au couteau dans l'espoir de pouvoir un jour le reconnaître.
À travers ce fait historique, ce diptyque suscite des interrogations à la résonance bien actuelle sur la façon dont les adultes conçoivent l'idée d'enfant : désiré ou indésirable, qui peut être cédé ou vendu, échangé, acheté ou fabriqué sur demande. Le train des orphelins ou les dérives de l'enfant-objet, glaçant.
lien vers la chronique du tome 1:
Chronique du tome 1