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roisième volet pour Toxic Planet et David Ratte continue de pointer du doigt les errances et les comportements irresponsables des habitants de cette planète. Quoi de neuf depuis Milieu naturel, le premier tome ? La série évolue progressivement, ne se focalisant plus seulement sur l’impact écologique de certaines attitudes et sur une société qui s’est habituée à son univers pollué dans lequel l'herbe verte, le ciel bleu et le chant des oiseaux ne sont plus qu’un souvenir. La nouveauté passe désormais par le recours à des personnages qui s'invitent sur et sous la couverture des albums. Ici, un chef d’Etat occidental modeste par la taille qui ne s’embarrasse pas de principes lorsqu’il s’agit d’aller « emprunter » quelques ressources de matières à des pays dans lesquels il en reste encore un peu. Là, une petite peste, fruit de l’union d’un couple d’écolos, s’ingénie à faire tourner son instit’ en bourrique sous prétexte qu’elle ne se contente pas de leurres lorsqu’il s’agit d’évoquer les animaux.
Ce qui revient à dire qu’on s’accroche au wagon pour hurler en chœur avec les loups contre certaines figures politiques des deux côtés de l’Atlantique ? (que ce soit justifié ou non, finalement, importe peu). Qu’on insère une dose de "profitude" dans les gags ? Sans oublier quelques embardées du côté des sportifs, des militaires ou le recyclage de coutumes locales rapportées de pays lointains et pauvres. Le dessin est toujours impeccable, les couleurs toujours justes, les Ratinettes (elles valent bien les Bellaminettes) sont à croquer mais il y a tout de même quelques facilités, voire quelques gags qui entachent le crédit qu’on accorde volontiers à l’auteur : par exemple, où est l’intérêt d’inviter Carla Bruni sur deux planches, même si c’est pour évoquer, très indirectement, la catégorie des nuisances sonores qui sont elles aussi à ranger à côté des autres pollutions ? Cet humour de chansonnier fait regretter la délicatesse avec laquelle était abordés, dans un monde putride, le souvenir évanoui de la nature ou la difficulté à repenser les relations humaines, et particulièrement les jeux de séduction lorsqu'on a en permanence un masque sur la tête ou une combinaison NBC. David Ratte doit une revanche à ses lecteurs de la première heure et comme la source offerte par le sujet ne doit cependant pas être épuisée, gageons que le prochain recueil soit un ton au-dessus de ce Retour de flamme.