Info édition : Noté "Première édition". Format 202x268 mm.
Résumé: Je m'appelle Eugène Ysaÿe. Je suis violoniste. Le Gouverneur m'avait invité au Congo pour donner un concert. Je comptais passer ensuite trois semaines chez mon neveu au bord du magnifique lac Maï Ndombé. C'est ainsi que je fis sa rencontre.
Ne me demandez pas son nom: tout le monde ici l'appelle « Tourne-Disques ». Il pourrait être mon fils... s'il n'était plus noir qu'un café serré. La musique permet des rencontres étonnantes. Celle-là devait me marquer pour toujours. Après tout, je n'avais que 70 ans et encore tant de choses à apprendre!
Certaines rencontres, même si elles se produisent sur le tard, s’avèrent déterminantes. Sur les bords du lac Maï Ndombé, la nôtre fut de celles-ci. Rien ne présageait de cet improbable rendez-vous en terre africaine, mais le hasard et la musique en décidèrent autrement.
Notre histoire, nous la devons à l’imagination fertile de Zidrou et aux pinceaux de Raphaël Beuchot. Qu’en dire ? Elle est simple, bien qu’il m’ait fallu quitter ma vieille Europe, traverser la Méditerranée et survoler les trois quarts de l’Afrique pour te rencontrer et cela, à plus de soixante-dix ans ! Une fois sur place, ma curiosité d’enfant et une collection de vieux 78 tours ont aboli les barrières du racisme ordinaire qui séparent Noirs et Blancs et ont contribué à faire de ce bref séjour - à peine trois semaines - un moment d’une rare intensité durant lequel je me suis fait un ami, mélomane averti autant que discret. En une centaine de planches, sur un petit format, tout est dit avec humanité et humour. Les ellipses sont nombreuses, mais l’essentiel réside dans ma découverte de la musicalité du continent noir, de ces hommes et femmes qui n’ont rien mais donneraient tout et de ce vieux lion qui a eu pitié de moi, par égard envers ma jeune compagne… Il y avait matière à en dire encore plus, mais était-ce nécessaire ? À l’évidence, non, car il est des rêves, des silences et des couleurs qui portent en eux tous les discours du monde.
Mais de tout cela nous en reparlerons lors de ta venue à Bruxelles. Mon temps est désormais compté, il convient que nous le partagions à nouveau au plus vite.
Eugène
Les avis
Erik67
Le 19/11/2020 à 13:22:37
J'ai bien aimé cette histoire basée sur l'amitié naissante entre deux hommes que tout sépare dans le Congo belge des années 30. Cela montre qu'il faut passer au-delà des stéréotypes pour pouvoir apprécier les personnes.
Il est dommage que le dessin soit si figé, si académique. La richesse de l'Afrique aurait mérité mieux sur un plan graphique. A comparer avec Madame Livingstone que j'ai lu récemment pour se faire une idée...
Pour le reste, Zidrou est devenu le scénariste qui explore l'âme humaine avec beaucoup de talent pour ne faire ressortir que le meilleur. Sans doute, on en a grandement besoin en ces temps si troublés par les guerres, le terrorisme ou les maladies mentales suicidaires...
Hugui
Le 11/08/2014 à 20:06:05
Comment faire naître l'émotion d'une histoire toute simple de la rencontre dans l'Afrique coloniale belge entre un musicien célèbre et un domestique noir mélomane ? C'est le génie des auteurs, l'art de raconter de Zidrou et la beauté des dessins faussement naïfs de Raphaël B. Un instant de bonheur tout simple grâce à la musique et la bande dessinnée à ne pas rater.
herve26
Le 28/07/2014 à 17:34:19
Hasard de mes lectures, après "Madame Livingstone", me voici replongé au cœur du Congo Belge, mais cette fois –ci en 1929 , avec "Tourne-disque", surnom donné à un employé de riches colons belges, chargé uniquement de tourner les disques .
J’ai retrouvé toute l’émotion que sait dégager Zidrou dans cette bande dessinée, avec comme point d’orgue la scène où EugèneYsaÿe, célèbre musicien, joue du violon au fin fonds de la savane, scène qui me rappelle la fameuse séquence de "Out of Africa" où Robert Redford fait jouer sur un gramophone, de la musique classique dans la savane africaine.
Le dessin épuré de Raphaël Beuchot renforce cette amitié naissante entre le violoniste et le domestique qui, au fil de son séjour, se révèle un mélomane très sensible.
Entrecoupés de scènes oniriques, Zidrou n’oublie pas de décrire au fil des pages, l’insouciance des colons sur le monde qui les entoure (la réflexion sur la crise de 29 est édifiante) et sur leur propre univers (la suprématie des colons et le sort indifférent des autochtones).
Zidrou conclut cette aventure avec émotion.
Un regard sans concession mais très tendre sur un certain passé colonialiste de la Belgique, passé très prisé par la bande dessinée depuis quelque temps.