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ans un monde qui a changé, le jeune Roland Deschain fait son apprentissage de pistolero avec ses amis Cuthbert et Alain auprès du sinistre Cort. Manipulé par le mystérieux Marten, adjoint de son père mais à la solde de l’infâme Roi Ecarlate, il devance l’appel et décide de défier son mentor. Roland fait ainsi ses premiers pas sur la route de la Tour Sombre, le pivot autour duquel tout les mondes gravitent et que le Roi Ecarlate a juré de détruire.
L’annonce de l’adaptation de ce monument de la littérature fantastique, point d’orgue de l’œuvre de Stephen King, a d’abord fait l’effet d’une bombe. Puis, presque immédiatement, la joie de retrouver cet univers magique qui a tenu en haleine des millions de lecteurs sur plus de vingt ans, a fait place au scepticisme le plus marqué. Le plus souvent en effet, dans le cas d’une œuvre qui frappe l’imaginaire, l’adaptation visuelle (dans le neuvième art comme dans le septième) suscite de nombreuses déceptions qui touchent aussi bien la représentation des personnages et des lieux que la densité narrative, forcément amoindrie pour obéir aux contraintes de ces autres médias. Ces derniers temps, de nombreuses adaptations réussies auraient pourtant pu atténuer ces craintes, mais peut-être la dimension extraordinaire de l’œuvre en fait une exception, fatalement vouée à être galvaudée. Et pourtant…
Serait-ce la présence de Stephen King lui-même au casting ? Ses incursions malheureuses hors de son domaine de prédilection ne prêchent pas en sa faveur… la caution de Robin Furth, un expert es Tour Sombre et auteur d’ouvrages de référence à ce sujet ? Peut-être mais qu’importe, laissons le suspense à ces spécialistes et dévoilons le pot aux roses : cet album est remarquable et, loin de trahir la série de romans, il vient la prolonger.
Les amateurs l’auront deviné à la lecture du résumé, l’histoire démarre au quatrième volume de la saga, Magie et Cristal, c’est-à-dire au tout début de l’aventure dans l’ordre chronologique. On ne pouvait mieux tomber, c’est sans doute le meilleur des sept romans, celui qui bénéficie du souffle du Western et de la féerie de l’univers fantastique de la Tour. Mais le coup de génie des auteurs est de n’avoir pas cherché à refaire le roman. Tirant partie de ce que peut apporter l’illustration, ils se sont focalisés sur les moments forts pour leur accorder le maximum de place en simplifiant au maximum la trame, sans pour autant la priver de sa substance. L’amateur aura ainsi l’impression de redécouvrir le mythique affrontement contre Cort, pourtant largement décrit tout au long de la saga. Autre passage mémorable, l’escalade psychologique dans le saloon qui pousse chacun des protagonistes à la limite de la rupture : un petit chef d’œuvre de découpage qui trouve autant son inspiration dans les grands westerns de cinéma que chez King (lui même ayant souvent avoué ses influences).
L’air de rien, le graphisme, très typé comics avec ses couleurs chaudes « luisantes » et ses gros plans géants à la Sergio Leone, est adopté en quelques instants grâce à la force du récit. Parmi les craintes majeures, celle de la représentation du héros n’était pas la moindre : Clint Eastwood ou Henry Fonda pour le regard bleu acier ? Ni l’un ni l’autre en fait, heureusement. En évitant le travers de ressemblances trop marquées, le dessinateur respecte l’imaginaire de chaque lecteur qui s’est composé son propre Roland. Dans un domaine comparable, les tableaux purement fantastiques faisant appel à la Magie, la Tour elle-même ou le Roi Ecarlate sont eux aussi abordés de manière suffisamment sobre pour ne pas choquer.
L’autre aspect déterminant dans la réussite de cette adaptation est celui qui sera le plus déroutant pour un non-initié. En reprenant d’emblée les dialogues et en particulier ce langage si étrange, le Haut-Parler, qui confère une grande noblesse aux seigneurs qui en font l’usage, les auteurs ajoutent ce dernier ingrédient qui permettra aux amateurs de se replonger totalement dans un univers qui leur manquait forcément depuis le point final mis en 2005.
Contre toute attente, donc, ce premier tome s’avère plus que prometteur, lançant cette mini-série comme un complément idéal à la saga. Prévue en trois tomes, l’adaptation ne se concentre pour l’instant que sur une infime partie de l’œuvre. Mais le succès aidant, qui sait si les auteurs ne se laisseront pas gagner par l’enthousiasme. Il y largement la matière pour réaliser des dizaines de volumes. En revanche, il est moins sûr que le lecteur occasionnel n’ayant pas lu tout ou partie des romans puisse s’y retrouver. L’appendice final pourrait les y aider, mais ils ne jouiront pas du même recul pour apprécier à sa juste mesure la portée de l’histoire. Si les deux tomes suivants sont aussi réussis, il leur sera sans doute difficile de résister à l’appel de quelques milliers de pages de plaisir supplémentaire : l'univers infiniment plus large des romans leur tend les bras.
La preview
Les avis
Erik67
Le 04/09/2021 à 09:47:25
Je n'ai pas trop aimé "La tour sombre". Pourtant l'univers original mêlant monde imaginaire et western pouvait très bien retenir mon attention. Je découvre également une autre facette du travail de Stephen King connu pour être le maître de l'horreur et d'un fantastique réaliste. Voulait-il imiter Tolkien avec son Seigneur des Anneaux ? C'est à se poser la question.
Il est question d'un pistolero entièrement tourné vers une quête mystique. Cela reste énigmatique et peu entraînant. Le coup de coeur n'a pas eu lieu comme c'était réellement espéré. La lecture a été sans doute trop froide et trop impersonnelle pour me captiver.
J'ai pu repérer le clin d'oeil fait à Clint Eastwood avec un Roland adulte qui lui ressemble étrangement. La narration est également assez fluide. Le dessin est plutôt fascinant malgré un décor minimaliste. Reste que le scénario ne m'a pas convaincu plus que cela. Au final, une oeuvre un peu hermétique...
pysa
Le 02/05/2019 à 10:13:30
Libre adaptation en comics de La tour sombre, la saga littéraire de Stephen King. L'intrigue est assez confuse et la bande-dessinée s'adresse sans doute aux lecteurs des romans. Les dessins sont réussis avec notamment une belle mise en couleur.
Silvano94
Le 15/11/2009 à 20:28:46
La découverte de ce tome m'a conduit au roman de S.K. c'est dire la réussite du support.
La BD est superbe visuellement, les couleurs se conjuguent pour créer une ambiance atypique et envoutante. Subtil mélange du "darkness touch" et de couleurs éclatantes.
Les personnages sont charismatiques, ces pistoléros/samourais impressionnent
que dire du roi cramoisi et de ses subordonnés.
L'histoire dans ce premier tome séduit et promet. L'accession de ce jeune élève au titre suprème de pistoléro lance parfaitement la série. La quête ultime de la Tour Sombre par ce ka-tet constituant la trame principale ce celle-ci.
Au délà de la réussite graphique, la force ce cette bd réside dans le fait qu'elle s'appuie sur une histoire ficelée issue du roman chef-oeuvre de S.K.
En résumé indispensable, une trés belle découverte et réussite.
merci et chapeaux les artistes.
Syl.
Benichou59
Le 19/02/2008 à 09:57:11
Même s'il est un peu difficile pour les néophytes comme moi de rentrer dans cet univers et de comprendre certaines expressions, cette BD est bel et bien un chef d'oeuvre !
Les dessins sont tout bonnement sublimes, ils mettent vraiment en valeur l'univers de Stephen King et sont réalisés avec virtuose, de ceux qui font aimer le neuvième art !
Le scénario est bien construit, intelligent et haletant, ce monde sombre et oppressant est très bien raconté dans un ambiance western avec une dose de fantastique.
Cet album est simplement indispensable pour tout amateur de BD qui se respecte, les fans de Stephen King ne devraient pas être déçus !