Résumé: Jeunes femmes d'aujourd'hui et désirs intemporels « Le désir de vivre », cest une des traductions possibles du disque dIggy Pop sorti en 1977, Lust for life, et dont la pochette sert de modèle à ce nouvel album de Nine Antico.Quest-ce qui pousse à sortir en soirée, avec ou sans les copines, avec ou sans alcool, en terrain plus ou moins connu ? Quest-ce qui pousse à danser, à chanter, à faire lamour ? Si ce nest cet impérieux désir de vivre Pauline et ses copines sont en plein dedans. Elles sont jeunes, plutôt jolies, plutôt futées. Dans cet album, qui raconte heure par heure six soirées différentes, Nine Antico offre un aperçu très juste de la vie dune jeune femme, de ce qui leur passe par la tête et dans le cur. Un album original autant quuniversel.
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l ne serait pas incongru qu’une banane trône sur la couverture du prochain Nine Antico, comme une évocation de celle d’Andy Warhol qui orne la pochette du premier trente-trois tours du Velvet underground. En effet, outre le fait que Nine Antico a effleuré l’histoire du groupe le temps d’un claquement de doigts dans le second tome de Rock strips, la chanson Sunday morning ferait un titre bien senti pour poursuivre sur la lignée de ce qui s’apparente plus ou moins à une série et dont le présent album célèbre l’esprit de la Saturday night fever.
En fait de fièvre du samedi soir, il s’agit plutôt de la métaphysique nocturne - être et surtout paraître - selon Pauline, jeune adulte ou adolescente sur le tard, c’est selon (pour l’entrée dans l’adolescence, lire Le goût du paradis de la même auteure), avec ou sans les copines. C’est aussi selon, mais de préférence avec. L’équipe de Girls don’t cry est donc reconstituée le temps de huit histoires et autant de soirées, autant de variantes, racontées en parallèle par créneaux de deux heures. Les jeunes filles en fleurs sont frivoles quand elles sont entre elles, moins quand menace le regard des autres, inquisition permanente du milieu adulescent. Cela donne lieu à une batterie d’échanges truculents, domaine dans lequel Nine Antico excelle, quand ce n’est pas la voix-off qui trahit les pensées de Pauline sur ce qui passe à l'instant "T". Vaste programme !
Dans un style qui porte résolument sa griffe, la dessinatrice poursuit avec l’aspect vintage qu'elle affectionne tant, où les couleurs et les looks font clairement référence à une autre époque, sans doute plus rock’n roll, tout en poussant son goût pour le désuet en allant jusqu’à arrondir les angles des cases qui, ainsi faites, font comme un écho aux téléviseurs du siècle passé. Comme un ailleurs fantasmé dans lequel se serait réfugiée Pauline qui est à cette période charnière de son existence où la fuite de l’avenir s’impose comme une règle de survie. Plus que la futilité du propos, c’est peut-être les réguliers allers-retours nécessaires pour s’y retrouver entre les différentes soirées (31 décembre, mariage, concert, …) qui titilleront la tolérance du lecteur. Mais ce dernier serait vachard de s’arrêter à ces considérations-là, tout d’abord parce que l’idée est en soi assez bonne, sans parler que d’autres ordres de lecture se révèlent possibles, et, surtout, parce les séquences en une planche fonctionnent fort bien et que ça ne manque nullement d’esprit, bien au contraire !
Lust for life, faut-il en pleurer ou en rire ? Les deux ma bonne dame.