C
’est dans le manoir familial de Tombelaine, un rocher fouetté par les embruns sur les côtes de la Manche, que Quentin Fortune a passé sa jeunesse, découvrant l’amour en compagnie de la jeune Amélie. Un odieux chantage l’amène à quitter sa terre natale vendue à l’énigmatique père de la jeune fille. Il s’embarque alors pour la Chine où ses habitants s’apprêtent à lancer une révolution pour expulser les occidentaux de leur pays. Dès lors il se retrouve, malgré lui, entraîné dans le tourbillon de l’Histoire en marche. Son retour clandestin au pays précipitera les évènements et certains protagonistes feront tragiquement les frais d’une machination qui n’a que trop durée.
Tombelaine est une série au contexte historique bien particulier : le vingtième siècle naissant voit une Chine s’affranchir d’une présence occidentale trop pesante lors la révolte des boxeurs appelée également les 55 jours de Pékin. Gilles Chaillet est un auteur reconnu. Sa collaboration avec Jacques Martin pour Lefrancd'une part et son travail seul sur Vasco d'autre part, sont ses meilleures cartes de visite. Pourtant depuis quelques années, un changement de direction l’amène sur de nouveaux terrains. Il poursuit son travail de scénariste-dessinateur sur des projets tels que La Dernière Prophétie et en scénarise d'autres tels que Intox et Tombelaine.
Cet album, cinquième et dernier de la série, voit donc tout naturellement l’intrigue se résoudre. Pourtant l’impression qui subsiste est celle d’un récit où la fin s’étire sur de trop longues planches. Son intrigue étant dense, Chaillet, en diluant cette fin en plusieurs étapes, en a malheureusement diminué l'intérêt. Le procès du jeune Quentin en est un bon exemple, l’effet de manche ne fonctionne pas complètement avec le témoin de dernière minute censé l'innocenter ou l'accabler. Le découpage reste très classique, de même pour le dessin de Bernard Capo dont le style est très proche de celui de Chaillet mais on lui reprochera de nombreuses approximations.
Trahison mérite quand même un peu d’attention, ne serait-ce que pour assister au dénouement de l’intrigue. L’intérêt historique de la série est indéniable, même si son traitement est nettement moins convaincant.