Résumé: Dans un futur aseptisé et indéterminé, la société est hiérarchisée en trois classes sociales distinctes. L’alimentation est devenue entièrement réglementée par des multinationales. Ce sont elles qui produisent et fournissent tout ce dont se nourrissent les citoyens, si bien qu’il est devenu strictement interdit de cultiver ses propres semences. Aujourd’hui, pour avoir découvert des graines de tomate et avoir osé les faire pousser chez elle, une jeune femme est emmenée devant les tribunaux. Ceci est l’histoire de son procès.
D
ans un futur relativement éloigné, des agents ont pour mandat de faire table rase du passé : livres, œuvres d’Art, tout est systématiquement et impitoyablement détruit. Les villes sont bétonnées, la nourriture et l’eau sont rares et rigoureusement rationnées. Anne, qui travaille pour le service d’épuration, trouve par hasard quelques semences qu’elle plante dans une poignée de terre. Cet accroc aux mœurs et aux lois de son époque est le début de la fin, du moins la sienne.
L’idée à la base de La tomate, un récit signé Anne-Laure Reboul, n’est pas vilaine. Dans un monde où tout est contrôlé, il suffit de peu pour rompre un équilibre artificiel et fragile. Mais au fur et à mesure qu’il progresse dans l’album, le lecteur réalise que le prétexte est trop mince. Il peine à admettre que le végétal soit la source de tant d’émotions et qu’il vaille à la pauvre fonctionnaire un si dur procès, par moment presque ridicule tellement le ton des magistrats est pompeux. La dénonciation du totalitarisme aurait gagné à s’exercer dans un cadre plus convaincant ; peut-être le bédéphile aurait-il été moins réfractaire à cette fable si on lui avait expliqué les origines de cette société improbable.
Le dessin de Régis Penet interpelle davantage. Dans les bandes et les cases, il intègre des bâtiments aux arêtes sévères; même le vêtement de la protagoniste est rayé. Toutes ces lignes droites contrastent particulièrement bien avec la rondeur de l’aliment. Les vignettes sont peu nombreuses ; souvent allongées, elles renforcent l’effet de l’emprisonnement dont tout un chacun est victime. Les couleurs, fréquemment en aplats ou texturées, accroissent quant à elles l’artificialité de cette civilisation.
La morale de l’histoire : que ce soit une pomme ou une tomate, il faut toujours dire non au fruit défendu.
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Les avis
Erik67
Le 05/09/2020 à 21:02:15
Dans cette oeuvre d'émancipation, on est dans un Paris qui a été détruit par un cataclysme planétaire et qui tente de se reconstruire dans une société qui contrôle le moindre faits et gestes dans un style qui rappelle Fahrenheit 451 ou encore l'excellent Bienvenue à Gattaca. Il n'y a plus assez d'eau pour les habitants. La pénurie doit être gérée par des fonctionnaires zélés.
L'héroïne va se rendre compte à ses dépends que le simple fait de faire pousser un plant de tomate peut conduire à la peine de mort car cela met en péril la sécurité de toute la communauté.
Il est dommage que le style graphique tout comme l'héroïne soit si froid. Cela est sans doute voulu mais cela n'emporte pas l'adhésion. Pour le reste, c'est plutôt bien vu.
Cellophane
Le 11/01/2020 à 18:53:36
Intéressant.
J’ai beaucoup aimé l’ambiance, le côté froid de cette civilisation futuriste, à la fois grâce aux traits droits et aux couleurs.
Le ton est plutôt bon aussi, pour nous emmener vers l’inéluctable, avec une certaine tension, même si on sait comment ça va se terminer…
Et puis j’ai trouvé les dessins assez sympas (même si ça m’a gêné parfois que ces gens qui parlent n’ouvrent jamais la bouche ou presque…)
Assez classique sur le fond (le cercle 3 qui n’a rien, le cercle 2 qui a moyen… On dirait « Un bonheur Insoutenable »…), c’est tout de même bien mené.
Mais ça reste assez anecdotique. Pas de fait majeur : on nous explique juste comment on est arrivé à la situation présentée au début du tome. Pas de morale, de révolte, de quelque chose…
Une histoire posée là qui ne va pas assez loin à mon goût.
MediathequeMonaco
Le 03/08/2018 à 15:16:35
Une BD d’anticipation, un peu dans la lignée du roman : « 1984 » de George Orwell, cette histoire nous fait réfléchir aux questions de notre société : problèmes écologiques, génétiques, pouvoir oligarchique et inégalités. Certes la vision du futur qui nous est présentée est peu radieuse, mais comme souvent pour les œuvres de ce genre il s’agit d’électrochocs. Le scénario est vraiment très bien mené et l’atmosphère (rendue aussi par les choix des couleurs) est remarquable. Nathalie - Médiathèque de Monaco