Info édition : Avec un carnet de croquis de 22 pages en fin d'album.
Résumé: L’histoire d’une vengeance mettant en scène un homme et un grizzly, avec en toile de fond un tournant de l’Histoire Nord-Américaine.
En 1756, la France se trouve au coeur d’un conflit majeur qui embrase toute l’Europe et qui l’oppose à la Prusse et à l’Angleterre, son ennemi héréditaire. C’est la guerre de sept ans. Pour les colonies françaises du Nouveau Monde, cette guerre a commencé dès 1754. Les sujets du roi George portent sans relâche l’escarmouche contre les forts français dressés sur leur frontière de l’Ouest. La bataille de Fort Carillon eut lieu au sud du lac Champlain, entre ce dernier et le lac George. Ces deux lacs séparaient la colonie britannique de New York de la colonie française du Canada (Nouvelle-France). L’histoire de Tomahawk débute un mois avant cette bataille et s’achève au moment de l’attaque. Nous suivons Jean Malavoy, jeune milicien, dans un combat contre un gigantesque grizzly...
I
l est parfois des rancœurs tellement tenaces qu'elles forgent une haine dévastatrice. En 1758, dans l'Ohio, Jean Malavoy est enrôlé à Fort Carillon au sein de l'armée française qui occupe et défend un territoire préservé. Alors la guerre, oui, il va la faire. Mais pas celle qui se profile inexorablement contre l'envahisseur britannique. C'est d'un autre combat qu'il s'agit et qui motive par-dessus tout sa présence. Celui qui va l'opposer à un ours gigantesque.
Après, et dans l'ordre chronologique, Canoë Bay, Frenchman, Pawnee, Iroquois et Vanikoro, c'est au tour de Tomahawk d'être «lancé» à la face du monde. Histoire complète et indépendante des cinq précédents ouvrages, elle prolonge et parachève l'introspection nord-américaine qui précède la conquête de l'Ouest américain. Un contexte politique et géographique agité au sein de milieux naturels encore vierges constituent les critères habituels et privilégiés de Patrick Prugne, valorisant au mieux son immense talent de dessinateur.
Le récit purement historique fait désormais partie du passé. Parce qu'il se sentait bâillonné et tributaire de faits qui se devaient de rester strictement réels, le scénariste, quant à présent, apprécie la liberté de pouvoir les détourner légèrement en y incorporant le fruit de son imagination fertile. Dans ce nouvel opus, au XVIIIe siècle, le «nouveau monde» et ses terres sauvages sont convoités par les plus grandes puissances. Si les Français tentent de s'intégrer en respectant les autochtones, en revanche, le «rosbeef» conquiert, le plus souvent, par les armes. À l'aube de l'anéantissement des tribus indiennes, le zoom est opéré sur un jeune troufion québécois incorporé dans une garnison française pour contribuer à défendre les intérêts de son pays. Cependant, le véritable intérêt se situe dans l'animosité prononcée qu'il éprouve envers un grizzli, sa longue traque et son éventuelle mise à mort. Curiosité, tension et suspense règnent à travers les motivations qui poussent le héros dans sa quête toute personnelle, ainsi que dans la relation entre l'homme et l'animal qui est disséquée, au même titre que celle du colonisateur dans sa confrontation avec l'amérindien. La narration, instructive, suscite l'engouement et vient conclure une immersion à tous points de vue réussie.
De l'art, c'est ce que revendique, au sens propre du terme, la galerie Daniel Maghen, qui fait de la beauté d'une case de bande dessinée son leitmotiv et sa réputation. Découvrir ou redécouvrir la précision du coup de crayon associé à une aquarelle qui n'aura jamais aussi bien porté son nom, il n'est donc pas surprenant de comprendre pourquoi le travail de Patrick Prugne est unanimement salué, celui-ci faisant l'objet d'expositions régulières voire permanentes. Dans l'ouvrage, le vert, le bleu et leurs variantes dominent outrageusement des planches délicatement crayonnées dans lesquelles se côtoient douceurs et violences au gré des éléments. La prouesse était de parvenir à magnifier les séquences dites d'action ou de cruauté à l'identique des paysages et des décors composés d'une faune et d'une flore riches et variées. Convenons que l'objectif est largement atteint !
Non seulement Tomahawk est à la hauteur des attentes et du standing de son auteur mais, le plus important, il procure la dose de plaisir et d'émotion que le public est en droit d'attendre d'un moment de lecture.
La preview
Les avis
Eric DEMAISON
Le 17/03/2023 à 10:02:37
Bien sur il y a l'émotion visuelle des dessins de Patrick Prugne. C'est tout simplement très beau. Que ce soit les personnages, la forêt les animaux, j'ai été happé par tout cela.
Mais il y a aussi l'histoire. On connait sa prédilection pour cette conquête du XVIIIème siècle où on peut encore penser que tout est possible pour cette Amérique encore sauvage et surtout non apprivoisée. Ici l'auteur nous raconte une histoire un peu mythique à la manière d'un "Moby Dick" (toute proportion gardée avec le chef d’œuvre littéraire) entre un coureur des bois et un grizzli. On navigue ainsi entre l'histoire (le conflit Angleterre France au Canada) et le conte.
A lire et relire.
Un plus qui participe à l'émotion c'est le très beau cahier de fin d'album qui ajoute une dimension esthétique.
Saigneurdeguerre
Le 29/11/2020 à 21:13:31
Vallée de l’Ohio. Juin 1758.
Squando, un indien l’a aperçu ? Aperçu ? Aperçu qui ? Quoi ? Mais le grizzly, bien entendu ! Et pas n’importe lequel ! Oh, que non ! Le grizzly que traque Jean Malavoy ! Le grizzly qui a tué sa mère ! Jean le cherche. Jean veut le trouver, où qu’il soit et le faire passer de vie à trépas. Jean s’est enrôlé comme milicien. Les Français manquent cruellement d’hommes pour faire face aux Anglais nettement plus nombreux, appuyés par leurs alliés iroquois qui ne font pas de quartier. Les Anglais disposent aussi de troupes écossaises, réputées pour leur bravoure… Et leur cruauté…
Jean Malavoy, es-tu sûr que ce soit le moment de quitter le fort Carillon alors que les Anglais se préparent à l’attaquer ? Et ce grizzly, te crois-tu vraiment assez fort pour le tuer ?
Critique :
Il paraît qu’il convient d’appeler cette bande dessinée un « roman graphique » … Celui qui a trouvé ce terme a redécouvert le fil à couper le beurre, mais soit ! L’auteur Patrick PRUGNE nous livre ici un chef-d’œuvre de peinture à l’aquarelle qui reproduit une nature foisonnante et des animaux criants de vérité. L’histoire se déroule durant la très méconnue Guerre de 7 ans, véritable guerre mondiale puisqu’elle s’étalera sur plusieurs continents et verra la plupart des nations européennes (leurs colonies comprises) y prendre part. Le Canada est donc le cadre géographique qui sert de décor à ce « roman graphique » qui voit une histoire personnelle se trouver mêlée à un grand conflit.
Le scénario est très original, ce qui veut dire que certains seront forcément déçus de voir un conflit entre un homme et un grizzli prendre le pas sur une sacrée guerre. Pourtant, le dénouement de l’histoire est surprenant !
Un livre que les amateurs de bande dessinée se doivent d’acquérir… Oh ! Pardon ! Je voulais dire : « Les amateurs de romans graphiques », évidemment !
tcdc
Le 28/10/2020 à 22:35:16
Si on sait à quoi s'attendre, on ne peut être déçus : les albums de Prugne attirent davantage par les splendides aquarelles, véritable célébration de la nature sauvage, que par l'histoire - que j'ai d'ailleurs trouvé ici moins prenante que dans ses précédents albums.
Feuilletez donc ce tome et si vous êtes portés par les dessins, n'hésitez pas !
canarenchaine
Le 18/10/2020 à 21:37:47
je ne suis pas un fan absolu de Prugne mais honnêtement je me suis régalé. L'histoire n'a rien d'extraordinaire a priori mais la manière dont elle est contée me paraît convaincante.
Que dire du travail graphique et de la couleur ? C'est vraiment magnifique, peut-être encore plus sur les scènes d'action.
A ne pas louper
Forje
Le 21/09/2020 à 00:17:22
Du Pur Patrick PRUGNE. Un graphisme et des couleurs superbes, chaque case est une œuvre. Le scénario est classique mais l'histoire nous met vite dans l'ambiance de l'époque et du lieu.