- Informations sur l'album
- Tintoret : un rebelle à Venise (Le)
- Le Tintoret : un rebelle à Venise
- 3.50/5 (2 votes)
- Autre
- Biographie romancée
- 444404
- Bonanni, Alberto
- Veronesi, Gianmarco
- Bellisario, Matteo
- Bugiù, Alberto
- Fornaciari, Lorenzo
- Segala, Francesco
- Migaldi, Nicoletta
- Croci, Federica
- Lecce, Emilio
- Colombo, Silvia
- Bonanni, Alberto
- 01/2022 (Parution le 16/02/2022)
- non coté
- Paquet
- A l'italienne
- 978-2-88932-563-4
- 104
- 05/03/2022 17:37:49 (maj 06/03/2022 08:27:56)
- La chronique
-
Par S. Salin
E n 2019, pour les cinq cents ans de la naissance du Tintoret, Sky Arte avait fait les choses en grand : un film documentaire projeté en salle, une BD retraçant la vie du génie vénitien et le financement de la restauration de "La Vierge Marie lisant" et de "La Vierge Marie en méditation". Deux ans après, la biographie romancée du maestro débarque en France chez Paquet.
Élève du Titien, mais fortement influencé par Michel-Ange, le Tintoret prit le meilleur de chacun pour tracer sa propre voie. Ainsi, la Scuola de San Rocco devint l’antre, à l’instar la chapelle Sixtine pour Michel-Ange, d’un Tintoretto qui privilégiait la composition à la technique en affirmant la primauté du mouvement, de l’expressivité des corps et des nuances. Et même l’âge ne put véritablement éteindre l’ardeur d’un artiste qui, à pratiquement soixante-dix ans, trouva encore la force de peindre, avec ses élèves, les deux cent quarante mètres carré du Paradis du palais des Doges.
Avec un scénario des plus linéaires car chronologique, Alberto Bonanni propose une biographie qui réconcilie avec l’Art et éveille la curiosité. Prenant un parti pris qui permet de romancer l’existence de Jacopo Robusti, il adopte comme fil conducteur une rivalité, imaginaire, entre l’apprenti et le maître ; et, en un prologue, 4 chapitres et un épilogue fait défiler tout une existence en insistant particulièrement sur la psychologie tourmentée du peintre. Ainsi, introduit-il un dialogue introspectif entre l’artiste et St Roch, du moins, son fantôme, qui permet au Tintoret de comprendre ce que Turner formulera, vers 1840 de la sorte : "Je n'ai pas peint pour qu'il soit compris, mais parce que je voulais montrer à quoi ressemble un tel spectacle…".
Aux crayons, Gianmarco Veronesi et Matteo Bellesario se partagent le travail sur lequel Lorenzo Fornaciari, Francesco Segala et Alberto Bigiù se relayent à la couleur. Ils offrent, par un graphisme semi-réaliste à l’encrage souligné, un point d’appui solide aux propos de leur scénariste et savent, par d’opportunes incrustations d’œuvres comme La présentation de la Vierge au temple ou quelques subtilités graphiques, aussi bien s’attacher à l’existence du Tintoretto qu’à sa psyché.
Le Tintoret, un rebelle à Venise est l’occasion, pour ceux qui se tiennent à l’écart de la vie artistique, d’aller au-delà de leurs préjugés afin de découvrir un personnage à l’étonnante modernité qui sut, grâce à son génie, son opiniâtreté et à une stratégie commerciale… plus qu’agressive, repousser les limites de la peinture en cette fin du Cinquecento.
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