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ans Tintin en Amérique, le reporter poursuit sa quête, débutée au Congo, en pourchassant inlassablement des gangsters de toute sorte. Dès la première page, le jeune homme entre tête baissée dans l’aventure en croisant les truands de la pire espèce, et tout au long de l’album ce ne sera qu’une succession de situations du même type, sans réelles transitions. Ce qui donnera l’impression que Tintin est un touriste pressé visitant l’Amérique à toute vitesse, en essayant de voir le plus de choses possible. Malgré cela, Hergé a réussi à donner une cohérence à l’ensemble et à y placer tout ce dont le jeune lecteur de l’époque peut rêver y croiser : les gangsters, les grattes-ciels, les voitures, la prohibition et bien sûr les grands espaces et les indiens, un peuple qui a toujours fasciné l’auteur. Pourtant cet album a ceci d’inhabituel qu’Hergé y fait apparaître Al Capone en personne, alors que dans tous les autres albums, il ne fera que s’inspirer de personnages célèbres en leur trouvant des prête-noms.
Bien sûr, Tintin en Amérique fait partie des 4 premiers albums de la série, et Hergé n’a pas encore acquis les qualités de narration apparues avec Le Lotus Bleu. Par ailleurs, il ne semble pas avoir poussé la recherche documentaire comme dans d'autres titres et on peut relever de nombreuses incohérences et aberrations, telle que la scène du boomerang, et la représentation du Chicago de l’époque paraît bien fade. Malgré cela, le côté naïf et simpliste de cet album pourra toujours plaire aux jeunes lecteurs, tout comme le rythme haletant du récit. Tintin n’y a jamais un instant de repos et il ne prendra le temps de souffler que sur la fin de la dernière page.
Avec ce fac-similé de l’édition couleurs et redessinée de 1945, Casterman gâte les collectionneurs. Très fidèle à l’original, cette réédition a de plus le mérite d’être très agréable à tenir en mains. Dos toilé arrondi, reliure cousue, couverture non pelliculée à l’aspect ancien, couleurs pastel, papier épais, tous les ingrédients sont réunis pour constituer un bel objet à s’offrir et à contempler. Le respect de l'édition originale porte sur le moindre détail, puisque sont même reproduites les erreurs de mises en couleurs, têtes jaunes à plusieurs reprises et pull bicolore du capitaine en 4ème plat. L’éditeur poursuit donc ici sa série entamée avec l’Ile Noire, au plus grand plaisir des lecteurs.