Résumé: Orphelin dès sa naissance, Tristan semblait prédestiné à un sort tragique. Aussi a-t-il été recueilli, sans se faire connaître, par son oncle, le roi de Cornouailles. Il lui prouve sa vaillance en tuant le Morholt, terrible chevalier d'Irlande. Suite à cet exploit, le roi lui confie pour mission de ramener sa future épouse, Yseut la Blonde. Mais une fois encore la fatalité devait s'abattre sur Tristan...
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ils orphelin de Rivalen de Loonois et de Blanchefleur, sœur du roi Marc de Cornouailles, Tristan a été élevé par le sénéchal Rohalt. Un jour, suite à une tempête, il arrive sans le savoir sur les terres de son oncle et s’attire ses faveurs par son talent de harpiste. Peu après, une visite de son père adoptif à la Cour permet à Tristan de découvrir sa véritable identité. Quelques temps plus tard, il prouve sa valeur à Marc en affrontant le terrible Morholt, frère de la reine irlandaise, venu percevoir un lourd tribut. Pourtant, s’il terrasse le géant, Tristan est blessé par l’épée empoisonnée de celui-ci. Moribond, il demande à être confié à la mer et échoue en Irlande. Là, il est soigné par Yseut la Blonde, la nièce de son ennemi mais aussi celle que son oncle désire épouser. Fatalité et magie vont s’unir pour assombrir le destin des jeunes gens.
Dans le cycle arthurien, la légende de Tristan et d’Iseult (ou Yseut) est l’une des plus populaires et des plus connues. Puisant ses origines dans la tradition orale celtique, elle a largement inspiré, depuis le XIIe siècle, poètes (à commencer par Béroul), écrivains, compositeurs (Richard Wagner, entre autres), peintres (les préraphaélites en particulier), cinéastes (Jean Cocteau, par exemple, avec L’Éternel Retour) et la bande dessinée (Drystan et Esyllt, cinquième tome d’Arthur, signé David Chauvel et Jérôme Lereculey). Si le lecteur ne risquait guère d’être totalement surpris par une énième version de ce mythe, il pouvait légitimement attendre d’y retrouver l’intensité dramatique présidant à la destinée funeste des héros. Hélas, à cet égard, comme à bien d’autres, le premier volet de Tintagel n’offre qu’une terrible déconvenue.
Côté scénario, malgré l’évidence de sa bonne connaissance du sujet, Rodolphe (L’Autre monde, Kenya, Mojo, Si seulement) raconte cette histoire d’amour archiconnue avec une platitude qui laisse sans voix. Ainsi, les péripéties, pourtant nombreuses et variées, se succèdent-elles sans qu’à aucun moment l’action ne décolle vraiment. De même, les sentiments, dont l’importance est évidente et l’exacerbation cruciale, sont-ils mis en scène sans transmettre aucune émotion crédible. Cela est en partie dû à une narration linéaire s’appuyant sur une voix-off uniquement factuelle et des dialogues insipides, mais aussi à un graphisme qui dessert plus le récit qu’il ne le porte. Côté graphisme, le dessin de François Allot (Les écluses du ciel), mis en couleur par Christian Lerolle, paraît légèrement vieillot et assez inabouti. Le rendu caricatural des expressions et, surtout, le fait que, d’une planche à l’autre, certains personnages – Yseut notamment - sont presque méconnaissables gâchent la lecture, malgré un découpage qui assure un minimum de dynamisme.
Quel raté que ce Yseult la Blonde ! Souhaitons que la copie soit révisée pour la suite et que le titre de la série, qui met à l’honneur autant le fief emblématique du roi Marc que le lieu de naissance d’Arthur, implique quelques (meilleures) surprises…