T
iki est un jeune garçon vivant dans une tribu amazonienne. A la mort de son père, il décide de s'occuper de sa mère et de partir à la chasse pour elle, quitte à s'opposer aux anciens qui ne veulent pas le laisser prendre les armes avant l'heure. Bravant l'interdit, il s'enfonce dans la forêt, juste à temps pour échapper à la destruction de son village par un feu venu du ciel. Il n'aura de cesse de se venger de ces démons qui ont fait de lui un orphelin, un paria. Mais, en fait de démons, il s'agit plutôt de bombardiers qui traçent au napalm une voie à travers la forêt, sans considération pour les populations locales.
Sujet brûlant pour cet album signé Berardi et Milazzo. Sujet qui rejoue dans l'univers amazonien le mythe de David contre Goliath. Le jeune amérindien viendra-t-il à bout d'une armée tout entière ? Comment va-t-il parvenir à ses fins face à un monde extérieur qu'il ne connaît pas ? Sa parfaite connaissance du terrain lui permettra-t-elle de faire la différence ? Des questions qui méritent d'être posées, sans pour autant se laisser surprendre par les événements.
Le récit suit une trame très classique, sans emprunter les chemins de traverse dont l'immense forêt est pourtant truffée. De même, les thèmes abordés, pour intéressants qu'ils soient, le sont de manière trop convenue pour vraiment passionner. Ainsi la découverte pour les deux personnages centraux (Tiki et un responsable de l'autre camp) d'un mode de vie à l'opposé du leur se fait-elle sans véritable émotion. En outre, le cheminement intérieur effectué par le jeune héros et sa rencontre avec d'autres tribus ne laissent pas non plus de souvenirs impérissables.
Le dessin en noir et blanc est formellement difficile à critiquer, les paysages de forêts étant impressionnants de réalisme. La seule réserve se portera sur les visages, peu expressifs, et sur un rendu très figé, même dans les scènes de poursuite. L'ensemble est très correct, mais n'atteint pas le niveau des maîtres du genre.
Tiki, initialement paru dans la seconde moitié des années soixante-dix et aujourd'hui réédité par Mosquito, aurait pu être une agréable surprise mais déçoit par trop de linéarité dans la narration, des personnages peu empathiques malgré les questions qu'ils soulèvent et un graphisme finalement un peu trop académique pour marquer les esprits. Reste à souligner le travail de qualité effectué par les éditeurs, comme ils avaient déjà pu le faire avec les différents albums de Sergio Toppi.