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u fond des âges, au-delà du monde connu, une force obscure résonne à travers l’univers. Devançant ce grondement maléfique, un extraterrestre surpuissant approche de l’espace terrien. Son nom, tout aussi impressionnant : Beta Ray Bill ! A la stupéfaction de tous l’alien parvient à tenir tête au fils aîné d’Odin et à brandir son marteau mythique : Mjolnir ! Cette rencontre déterminante marque le début d’aventures célestes et mystiques, avec la sauvegarde des neuf mondes comme enjeu. Sur son char, tiré par Grincedent et Claquedent, Thor va connaître des aventures palpitantes, du royaume des féeries aux Nornes mythiques dans une lointaine vallée, affrontant des averses de lances mortelles, une mer de magma et un cousin éloigné de Godzilla. Pendant ce temps, du fond de l’univers, les ondes de bruit se font plus denses, l’apocalypse se rapproche : Ragnarok & Roll !
Cette première intégrale consacrée à Thor marque l’arrivée du dessinateur et scénariste Walt Simonson sur la série régulière The Mighty Thor et rassemble les épisodes 337 à 350 parus entre 1983 et 1984. Poussé par son affection pour ce personnage et l’envie d’adapter un scénario élaboré pendant son adolescence, Simonson parviendra à renforcer considérablement la popularité de ce héros créé en 1962 par Stan Lee et Jack Kirby.
A la fois dieu, basé sur la mythologie nordique, et humain, sous les traits de son alter-égo, le Dr Donald Blake, ce membre de l'équipe des Vengeurs n’est à la base pourtant pas le plus intéressant de l’équipe Marvel. Toutefois, en tournant le dos aux aventures traditionnelles de super-héros pourvus d’une identité secrète, tout en exploitant au maximum les richesses du monde d’Asgard, l’auteur américain réussit à produire des histoires de plus en plus cosmiques et épiques, qui font ressortir le meilleur du digne héritier d'Odin.
En développant plusieurs récits parallèles mettant en scène d’autres figures de l'Olympe scandinave, Simonson a également l’intelligence de ne pas se focaliser sur ce héros à la chevelure ridicule, aux goûts vestimentaires douteux, à l’éloquence schwarzenaggerienne et dont Claude François jalousa l’arme au point d'y consacrer une chanson. Passant des allées légendaires d'Asgard aux rues sombres de New York, usant d’intrigues multiples à la mise en place efficace, et en générant des protagonistes charismatiques, Simonson livre finalement une saga prenante, portée par un souffle épique substantiel et non-dénué d’humour.
Excepté une colorisation datant d’une génération à l’endurance rétinienne sous-estimée, un cliffhanger final frustrant, et une inversion de planches dans l'édition US non-rectifiée par Panini, ce premier volume du dieu du Tonnerre s’avère somme toute une bonne surprise. Comme quoi, acheter Thor n’est donc pas forcément l’avoir !