Résumé: Les têtards est un récit divisé en cinq parties et se compose d'un ensemble d'anecdotes, rassemblées par ordre chronologique, qui raconte la vie d'un garçon d'une dizaine d'années, ponctuée de petits drames anodins dont l'accumulation nourrit la construction dela personnalité. Ces micro-événements tissent un réseau de symboles qui accompagnent la perception du cycle de la vie et l'éveil de la sexualité. Parmi eux, la croissance de têtards, qui permet d'évoquer la sexualité et donne son titre au livre. L'approche narrative est minimale et se passe de texte, mais ce récit de basse intensité est néanmoins traversé, sous la surface, par les troubles à venir de l'adolescence.
Les Têtards est un projet d'inspiration autobiographique qui fait suite aux deux précédents ouvrages de l'auteur publiés à l'employé du Moi, Le verre de lait (2004) et Pascal est enfoncé (2007). Les Têtards traite quant à lui de la découverte du cycle de la vie du point de vue d'un pré-adolescent, de l'apparition des premiers actes indépendants, de la cruauté, de la moralité, et des premiers signes de troubles amoureux. Ce quatrième livre à l'employé du Moi confirme la cohérence plastique et narrative de Pascal Matthey, qui bâtit depuis le début de sa carrière d'auteur une oeuvre fine dans son écriture, délicate dans son dessin, riche dans sa signification.
F
in des années 1980, cinq saisons dans la vie d’un enfant âgé d’une dizaine d’années. Souvenirs d’une enfance ordinaire ponctuée de très nombreuses références à la culture populaire de l’époque, particulièrement à la bande dessinée. Le garçon découvre tour à tour Yoko Tsuno, Lucky Luke, Les Tuniques bleues et Gaston. Débutant sous la neige, le livre se termine l’hiver suivant. Peu de choses semblent véritablement changer dans un monde en apparence immuable.
La vie du personnage principal est semblable à celle de tous les gamins de l’univers, c’est-à-dire qu’elle est souvent ennuyante. Le lecteur serait alors en droit de s’attendre à ce que l’auteur creuse la psychologie du protagoniste, qu’il s’attarde sur des épisodes hors de l'ordinaire ou encore qu’il adopte un ton humoristique. Dans sa chronique d’inspiration autobiographique, Pascal Matthey ne semble prêt à aucune de ces concessions. C’est très dommage.
Les illustrations sont sages, mais bien exécutées. Le trait est très fin et pâle, comme un enfant un peu trop effacé. Derrière ces images se devinent des réseaux de sens plus ou moins cachés. Après avoir identifié les héros des petits miquets (qui sont de plus en plus subversifs alors que progresse la narration), le bédéphile note de facétieuses variations sur un sac rempli de têtards qui, au fur et à mesure que le jeune homme grandit, se transforme en collection de billes, grains de maïs, amas de feuilles, essaim d’insectes et, enfin, bol dans lequel se trouvent des bonbons en forme de… grenouilles. La boucle est bouclée. Certes, ces jeux de pistes amusent, mais ils sont au final plutôt vains.
Le récit minimaliste, muet, en noir et blanc, où les jours se suivent et se ressemblent, finit par distiller une certaine lassitude.