Résumé: Bobos, bobios, hipsters, metrosexuels, trans.cis.genres, vieille gauche et nouvelle droite, grands, gros, maigres, petits avec les oreilles décollées... Dans la lignée assumée et revendiquée de Brétecher, Lauzier, Wolinski ou Pétillon, Terreur s'amuse à dépeindre son époque à travers la vie et surtout les avis de la nouvelle faune urbaine.
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erreur (le Graphique est passé à l’as pour l’occasion) commente l’actualité et ses prochains dans Les temps sont flous, recueil reprenant la crème de son blog (publié par Libération). Couvrant 2017-2018, l’ouvrage revient au moment où Trump n’était qu’une hypothèse électorale improbable (« On se calme et on boit frais, Hillary va être élue point barre. ») et Macron, un ministre démissionnaire encore très peu connu. Le rythme des fils de presse et des chaînes info est sans pitié alors que des manifestants d’un nouveau genre commencent à porter une chasuble dorée à la toute fin du livre.
Passé outre le sentiment de déjà-vu et à moitié oublié de certains sujets, l’esprit ravageur et l’humour sans borne de l’auteur peut vraiment briller. Il sait mettre le doigt là où ça fait mal et comme son ongle est encrassé, le résultat pique et pas qu’un peu. Absurdités des uns, bêtises des autres, incohérences des points-de-vue, tyrannie des modes (végétaliens amateurs de macchiato noisette-endive, attendez-vous à en prendre pour votre grade), le dessinateur du Pouvoir de la satire encre au fiel pur et n’épargne personne et cela à juste titre. Coquetterie supplémentaire, il use et abuse des références pop-culturelles plus ou moins pertinentes et cite à qui mieux-mieux des paroles de chansons populaires. Le résultat est hilarant, mais lourd et devient presque mécanique sur la longueur.
Aussi bête et méchant que l’était Hara-Kiri, finement observé comme sait si bien le faire Claire Brétécher et truffé de décalages à la manière de Daniel Goossens, Les temps sont flous devrait séduire les fous d’info, de tendances et de rires crispés.