Six histoires sombres, dures, qui se déroulent en Slovénie, un pays qui est censé respirer la liberté après 46 années de carcan titiste (qui se voulait un socialisme émancipé du joug de Moscou et ouvert vers le tiers-monde).
Hélas, les mauvais plis de la dictature n'ont pas tous été effacés, les démons nationalistes laminés par la poigne de Tito se réveillent, les dérives du capitalisme sauvage s'installent dès l'instauration d'une économie libérale.
Si tous ces travers ont été abondamment documentés pour la Russie post-Gorbatchev, c'est avec surprise qu'on les découvre dans ce bucolique mini-état à cheval entre la froide Autriche et la chaude Adriatique.
Le style percutant des Fables de Bosnie est repris : innocents emportés par la bêtise humaine, l'étroitesse d'esprit, et la méchanceté crasse. Difficile, la transition entre une presque-dictature ou tout est obligatoire et une pas-tout-à-fait démocratie ou rien n'est interdit...
Le trait efficace et les aplats noirs de Tomaž Lavrič sont le juste rendu de ce dur apprentissage de la liberté de tout faire.