Résumé: Urbin Monlins est commissaire-priseur dans la région lyonnaise. Il s'est construit une renommée grâce à ses ventes exceptionnelles. Il attire des personnalités telle la comtesse de Beauvière, à qui il vend une peinture singulière de l'art aborigène. C'est lors d'une soirée organisée au Château de Beauvière qu'il retrouve l'envoûtante toile et commet l'irréparable en la subtilisant. Dès lors, plein de culpabilité, Urbin se sent menacé, et afin d'éviter les deux détectives qui souhaitent l'interroger à propos du tableau volé, il décide de se retirer discrètement sur la côte varoise dans la villa de son enfance. Commence alors un voyage dans le passé, exalté par le chant des cigales, l'odeur de lavande et les retrouvailles avec Marlyn, une amie d'enfance. Mais l'apparition d'une petite métisse à l'identité mystérieuse va susciter beaucoup d'interrogations.
Q
u'est-ce qui lui a pris, à Urbin Monlins ? Pourquoi cette toile ? Pourtant, il en a vu passer des chef-d'œuvres à force d'organiser des ventes aux enchères à Lyon. Et puis si la comtesse se rend compte de son méfait, sa réputation de commissaire priseur sérieux et honorable sera ruinée ! C'est avec ces remords et ces questions qu'il met le cap sur sa maison d'enfance dans le Var. Quelques semaines à profiter du soleil dans son petit village lui feront le plus grand bien. Il pourra réfléchir tranquillement à sa situation et peut-être retaper le vieux voilier de son père qui pourri au fond du jardin. Enfin, c'est ce qu'il croit...
Ça commence comme un polar dans le milieu de l'Art : un vol, dont la cause reste mystérieuse, un coupable bien sous tout rapport dont rien n'explique le geste, l'objet du délit qui sent bon l'exotisme dont personne ne sait rien et une enquête qui démarre lentement mais suffisamment pour flanquer la trouille au vieil homme. Passé ce premier tiers, H. Tonton enveloppe son intrigue d'une ambiance tout en douceur, grâce notamment à ses très belles aquarelles, qui flattent l'œil. L'artiste opte pour un découpage et des cadrages sobres mais très justes. Il laisse courir son trait léger, presque aérien, dans ce cadre provençal et confère alors à ses planches une atmosphère de vacances qui contraste avec le sérieux de sa trame. En effet, un kidnapping d'enfant, faussaire et trafic d'œuvres d'art avec, en filigrane, une histoire familiale, les thèmes se révèlent bien plus dramatiques que ses ciels azur et les paysages bucoliques ne le laissaient présager. Patiemment, l'auteur fait monter la tension sans que cela ne déroute, bien au contraire. Le lecteur est peu à peu happé par cette aventure et la dévore jusqu'à l'ultime révélation. Les affres des petits villages où tout se sait, se répète et se déforme sont retranscrits sans lourdeur et, malgré quelques facilités dans les enchaînements, l'ensemble est totalement convaincant.
Sans fioriture, mais avec une narration et un graphisme maîtrisés, H. Tonton livre, avec Ocre, une première partie plaisante au charme indéniable. Rendez-vous est pris pour Outremer, conclusion de ce diptyque.
Les avis
ludovic hasquette
Le 03/06/2017 à 17:37:24
Un beau dessin et de magnifiques couleurs. Beaucoup de fraîcheur pour une histoire prévue en deux tomes mais suffisamment riche pour tenir en trois ou quatre. Vivement la suite.