Résumé: 1915, Gallipoli (Turquie). Un bataillon de jeunes engagés australiens se trouve confronté à la barbarie de la guerre. Parmi eux, un soldat aborigène qui, pour fuir la réalité, se réfugie dans le temps du rêve, un mythe inculqué par ses ancêtres. Dans l'enfer des Dardanelles, il fait la connaissance d'un officier idéaliste qui a une autre vision : accepter la violence pour devenir une bête de guerre.
E
n 1910, des hommes armés débarquent dans une mission évangélique et ordonnent de leur remettre tous les enfants. Arrachés de force à leurs parents par ces militaires sans merci, les jeunes aborigènes seront ensuite placés dans des familles de blancs afin de les « civiliser ». Thomas Freeman est l’un d’entre eux. Cinq ans plus tard, l’Australie se prépare à entrer en guerre. Un bataillon de jeunes engagés s’apprête à débarquer sur la péninsule de Gallipoli, front turc de la Première Guerre mondiale. Parmi la chair à canon qui prend place dans le premier canot, Thomas n’est pas seulement une des cibles faciles offertes à l’ennemi, mais également celle de la haine raciste de ses camarades d’infortune. Perdu dans l’enfer de la bataille des Dardanelles, il se réfugie dans le temps du rêve, au plus profond de ses racines aborigènes…
Pour ses premiers pas au sein du neuvième art, Stéphane Antoni s’attaque donc à une trilogie consacrée à la Der des Ders. Après une brève introduction en plein bush australien, permettant de présenter le héros de cette saga, tout en rappelant la politique discutable du pays en matière d’intégration des enfants aborigènes, c’est bel et bien l’engagement militaire australien aux côtés des forces alliées qui passe au centre des débats.
Si les horreurs et les absurdités de la guerre ont déjà été maintes fois relatées en bandes dessinées, l’originalité de ce récit consiste à les partager à travers le regard de deux soldats australiens aux visions diamétralement opposées. Le premier, Thomas Freeman, entre en communication avec les esprits de la Terre et trouve son salut dans les prophéties de son peuple. Le second, un officier idéaliste, a quant à lui une approche beaucoup plus pragmatique de cette boucherie quotidienne visant à prendre le contrôle des Dardanelles.
Visuellement, Olivier Ormière accompagne ces mouvements de troupes parsemés de sang et de corps mutilés avec réalisme et efficacité. Malgré quelques personnages aux visages trop ressemblants, ce professeur en arts plastiques offre un album d’une grande lisibilité qui accompagne parfaitement ce pan d'histoire assez méconnu du grand public.
Malgré un aspect didactique qui devrait ravir les amateurs de récits historiques et une approche originale qui invite à réfléchir sur la différence et sur les atrocités de la guerre, les visions oniriques du personnage principal ont du mal à s’intégrer dans l’ensemble et ont même tendance à porter légèrement atteinte au réalisme et à l’authenticité de cette terrible bataille.
Les avis
Erik67
Le 06/12/2020 à 13:46:25
J’avais bien aimé le début de cette histoire qui commence de manière dramatique au coeur du bush australien où les jeunes enfants aborigènes sont enlevés à leur parent. J’aurais aimé suivre le parcours de ce jeune mais il est projeté quelques pages plus loin et sans aucune transition valable dans le conflit de la Première Guerre mondiale et plus précisément dans le détroit des Dardanelles face à la Turquie. On se dit que notre héros est bien trop docile et patriotique par rapport à ce qui lui est arrivé. Bref, la crédibilité en prend un sacré coup.
Par la suite, la bd va se concentrer sur un autre personnage : celui du commandant un peu idéaliste qui sera confronté aux dures réalités de la guerre. Celui-ci n’arrive pas à nous captiver tant la situation nous semble d’un classique.
Et puis et surtout, quand on évoque les aborigènes, on va droit vers le mystique. Bref, on n’échappera pas aux visions du genre. C’est un peu comme si on transposait Kookaburra dans le contexte de la première guerre mondiale. Je n’ai pas aimé cette dérive dont on sent bien les aboutissants.
Là encore, il y avait de quoi faire un récit palpitant avec une idée originale, mais le scénariste cède à tous les travers pour tomber dans un classicisme sans pareil. La suite sera sans moi car on devine que les champs de bataille de la Marne n’ont guère à envier à celui de Gallipoli.
BIBI37
Le 22/01/2012 à 13:40:59
Une description sans complaisance de l'horreur de la guerre du point de vue du peuple australien.
Une galerie de "salauds" et de soldats anonymes.
Mais je n'ai pas trouvé d'originalité dans cette histoire.
Patience peut-être.
5/10.