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n quartier comme il en existe tant d’autre : un square, un café, une épicerie et, surtout, ses habitants. N’oubliez pas, la semaine prochaine, c’est la grande fête annuelle. Tout le monde sera content de vous y voir. Bienvenue aux Temps des Cerises !
Amélie Sarn (Trop Mortel) et Marc Moreno (Le régulateur) se sont associés pour raconter Le temps des Cerises, ou, plutôt, pour relater les différents destins que les hasards de la vie ont fait se rassembler dans ce coin de ville. Malgré une atmosphère générale teintée de sympathie et de légèreté, les scénaristes narrent avec beaucoup de réalisme les aléas de la société contemporaine : la vieillesse, la mort, la solitude, les blessures et les regrets du passé, l’homophobie, les naissances, les familles monoparentales et plus encore. L’ensemble est relaté avec beaucoup de pudeur et, invariablement, avec pas mal d’humour. L’extraordinaire scène dépeignant le passé de Monsieur Lesec en est, peut-être, l’exemple le plus brillant. En deux pages d’un flashback ensoleillé, cet alcoolique acariâtre se transforme en un individu au destin bouleversé. Pour lier ces petits épisodes, les auteur ont imaginé, avec malice et intelligence, l’inébranlable Mademoiselle Chmolowsky en mission pour organiser la fête annuelle (prévue pour le tome 2, venez nombreux !), et le turbulent Aziz, en mission pour s’amuser. La progression narrative est ingénieuse. Le registre oscille constamment entre des anecdotes amusantes (le retour programmé des Pandas Sauvages) et des épisodes plus graves (Madame Mouchet).
Pour Julien Mariolle, il s'agit d'une première illustration en solo et il s’en tire plus que bien. Le style semi-réaliste, rappelant les travaux de Fabcaro et, dans une moindre mesure, ceux d’Étienne Lécroart, est parfaitement adapté pour dépeindre cette petite comédie humaine. Le dessinateur a su créer des personnages remplis de vie : Madame Mouchet trotte avec détermination, Aziz massacre les plates-bandes pendant que Rafik l'épicier prépare ses étalages. La mise ne page, très cinématographique par moment, est très bien maîtrisée et offre une lecture fluide des plus agréable. La mise en couleurs de Marc Moréno est exemplaire, spécialement lors des différents retour sur le passé de certains protagonistes.
Ce premier volume du Temps des cerises est des plus convaincants. Oscillant entre sourire et larme, il fait mouche à chaque page. Vivement le deuxième tome !
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