Le 04/05/2016 à 09:07:46
En voici un superbe diptyque ! ! Peut-être la plus réussi, à ce jour, dans cette collection. D’abord parce que le scénario explore avec brio les espaces de narration vide du roman. En effet, Wul va à l’essentiel sur son propos « mutation génétique » et ne développe aucun autre ressort annexe. Hubert, lui, explore tous les chemins de traverse, oubliés par Wul, avec grande subtilité narrative, construisant ainsi une adaptation à plusieurs niveaux. Tout comme le premier tome, le voici jouant à la poupée russe (pour notre plus grand plaisir) et l’Histoire principale englobe une histoire qui englobe une autre histoire. Tout d’abord, une histoire à trois peuples distincts (le roman n’en narre que deux et n’utilise le troisième pour prétexte à explication finale). Ensuite, il y a une histoire d’amour onirique à trois concluant ainsi, avec brio, le parti pris de la civilisation homosexuelle dans le premier tome. Et, enfin, une histoire à trois temporalité (passé, présent et futur après sommeil). Le thème de la tierce, déjà exploité sur le premier tome (le héros est dans son vaisseau qui est dans « Monstro ») se transforme ainsi en thématique de la trinité car chacune des trois civilisations sont imbriquées les unes aux autres dans leurs créations jusqu’à leurs destructions. Et il y a de la divinité en notre héros (d’où le titre du roman). C’est aussi de solitude et d’incompréhension entre les êtres que narre cette adaptation magistrale ! Le héros rêve au lieu d’avoir vécu ses désirs ; c’est à cause de la peur d’être seul que tout un peuple est addictive en la divinité et c’est par incompréhension que l’on hume la destruction dans un hors champ scénaristique final… Voilà ce qui se nomme une adaptation parfaitement réussi car Hubert est fidèle au roman tout en insufflant un air frais de modernité aux partis pris risqués. Cerise sur le gâteau, le final (presque) analogue au roman est une claque qu’auraient adoré lire les lecteurs de « Métal Hurlant » ! Du côté du dessin, Etienne Leroux est au diapason du scénario. Le classicisme de son trait sert le propos avec maestria. On pourrait parfois regretter qu’il n’y ait que très peu de narration visuelle, il n’empêche qu’on sent bien le plaisir d’Etienne Leroux à avoir dessiné notamment sur les flashbacks et les rêves du héros. Et son plaisir est aussi le nôtre.BDGest 2014 - Tous droits réservés