Résumé: Ce titre est basé sur une histoire vraie, celle de la fameuse tempête de septembre 1930, la plus forte et la plus meurtrière du XXe siècle pour la marine en France, dans les ports de la pointe du Finistère jusqu'à La Rochelle. Des jours et des nuits en enfer pour 27 bateaux de pêche qui coulent au sud de l'Irlande, et plus de 200 morts/disparus.
Le navire thonier Saint-Budoc sur lequel le lecteur/la lectrice embarque se fait le narrateur du drame : on suit ce que vit et ressent l'équipage en accédant aux pensées – et au passé – de ceux qui versent leur sang à bord, sur « son » pont : le capitaine Tonkin, patron ou mestr bag ; Trompe-la-Mort ; le vieux Fañch Brigand, dit Bamboche ; et enfin le mousse Jakez Louarn, dont c'est la première marée… Pendant qu'à terre les épouses, les sœurs, les ouvrières des conserveries remarquent dans les fameux intersignes (un objet qui tombe, le son d'un tocsin imaginaire…) que quelque chose d'anormal se passe, là-bas… La vie à bord – le bateau, les gestes et paroles des marins, leurs attitudes face aux éléments – est décrite avec un réalisme bluffant, qui nous transporte au plus près de l'événement. On s'attache au personnage du jeune mousse qui révèle son courage dans l'adversité.
La Tempête est une BD qui nous plonge dans un récit riche en émotions et en tensions. Les auteurs, Le Galli et Héloret, réussissent à créer une atmosphère assez intense, s’inspirant habilement des thèmes classiques tout en y ajoutant une touche qui fait un peu vieillotte pour coller aux dialogues bretons d'autrefois.
L’illustration est un véritable point fort de cette œuvre, avec des dessins qui rendent hommage à la puissance de la nature et à la complexité des relations humaines. Les planches sont magnifiquement composées, illustrant à la fois la beauté et la violence des éléments, renforçant le sentiment d’urgence qui traverse toute l’histoire.
Le scénario explore des thèmes de lutte, de survie et de résilience face à l’adversité. Les personnages sont profondément humains, avec des motivations et des faiblesses qui les rendent crédibles mais pas forcément attachants. On ressent leur douleur, leur espoir et leur détermination tout au long du récit.
Cependant, certains lecteurs pourraient trouver que le rythme fluctue par moments, avec des passages qui mériteraient d'être davantage développés. Cela dit, La Tempête parvient à captiver grâce à son expérience visuelle et narrative immersive .
A noter qu'on pense avoir vécu la tempête du siècle alors que celle-ci s'est déroulée en septembre 1930 prenant au piège des centaines de bateaux de pêcheurs dont beaucoup ne reviendront pas vivant au port.
Bref, cette lecture offre une réflexion sur notre rapport à la nature quand elle se déchaîne.