Résumé: Dans un village d'Afrique, Tamba, jeune garçon de seize ans, est invité à témoigner de sa participation aux violations des droits de l'homme dans ce pays qui se remet difficilement de la guerre, et qui cherche à comprendre et à pardonner pour se reconstruire. Tamba raconte qu'il s'est fait kidnapper à huit ans, pour devenir soldat.
C
e matin, de nombreux villageois sont venus écouter Tamba. Vont-ils le juger, le détester ? Peut-être... sûrement. Mais pourraient-ils aussi le comprendre et lui pardonner ses actes ? Telle est la question, voici l'enjeu. L'adolescent de seize ans se tient là, au centre de leur attentions, afin d'apporter son témoignage et expliquer son rôle dans la guerre civile déchirant son pays : acteur ou victime ? Ainsi débute la "Commission de vérité et de réconciliation" : un titre porteur d'espoir pour une initiative sérieuse, ambitieuse et un peu effrayante il faut l'avouer. Que va t-il en sortir ?
Pour sa première œuvre, Marion Achard s'est inspirée de ses voyages en Afrique et de ses échanges avec quelques-uns des soldats miniatures pour aborder ce sujet lourd et malheureusement toujours d'actualité. Tamba s'avère à la fois simple, authentique et chargé en émotions. Le scénario alterne les passages en audience avec les questions du modérateur et les réponses sous forme de flash-backs, déroulant ainsi le quotidien du jeune garçon chez les guérilleros et dans le camp de réfugiés. La justesse et la sincérité de ton évitent soigneusement le mélodrame et le prêchi-prêcha humanitaire. Tout à fait conscient de ses actions, le petit bout d'homme se met à nu courageusement et relate son expérience traumatisante sans se défausser. La qualité du texte est à souligner, s'exprimant particulièrement dans la lucidité et la maturité du ressenti du petit héros. Les personnages secondaires, discrets de prime abord, enrichissent subtilement le propos en apportant des notes de sagesse et exposant d'autres traumatismes. L'auteure ne prend pas parti, n'excuse ni n'accuse. Elle laisse intelligent les mots et les illustrations faire leur chemin dans le cœur et l'esprit du lecteur. La violence est finalement peu présente, tout du moins explicitement, car son aspect psychologique est évident et n'a nul besoin de surenchère.
Le style de Yann Dégruel ( Sans famille, Genz Gys Khan, Saba et la plante magique...) se reconnait au premier coup d’œil. Les formes restent simples, d'allure enfantines et le trait impulsif donne vie à un dessin aéré et pourtant... que de choses se dégagent ! Le dessinateur joue beaucoup sur le regard et les cases muettes empreintes de symbolisme et de sensibilité, remplaçant des paroles trop prosaïques et froides. Il utilise, comme à son habitude, diverses techniques pour le rendu des textures. Cependant, il n'en abuse pas, préférant jouer sur les aplats et la tonalité des couleurs pour un résultat riche de douceur qui tempère la gravité du livre.
Pas moins de trois ouvrages sur les enfants soldats sont sortis en quelques mois, tous différents et chacun ayant ses qualités propres (L'envers des nuages,Teddy bear). Le dernier en date, Tamba, se révèle être une histoire forte et toute en retenue qui, sur le fond comme sur la forme, traite de manière impeccable un thème dur et complexe.
Les avis
Erik67
Le 26/10/2020 à 10:58:25
Un dessin assez sommaire pour une histoire dramatique qui ne l'est pas. Oui, c'est tout sauf sommaire. On va en effet écouter le témoignage d'un enfant à savoir Tamba qui a été soldat pour une armée rebelle qui combattait le gouvernement officiel. Tout est organisé autour d'une commission de vérité et de réconciliation.
En réalité, on apprendra que tout ceci était orchestré pour le contrôle des mines de diamants. C'est toujours pénible que de voir des enfants devenir des soldats sanguinaires avec une enfance innocente totalement violée. Cependant, rien n'arrête certaines personnes peu scrupuleuses. Il faut savoir qu'il y a encore 120000 enfants qui combattent en Afrique et que c'est réellement un drame.
Cette oeuvre est utile pour nous montrer une certaine réalité du monde et donc on pardonnera aisément toutes les maladresses.