Résumé: 1841. Un baleinier accoste aux Marquises, avec à son bord Tom et Toby, qui ne rêvent que de déserter. Profitant d'une permission, et malgré les mises en garde sur les dangers de l'île, les deux hommes s'enfoncent dans la jungle. Rien ne se passe comme prévu et la fuite dans cette nature luxuriante vire au cauchemar. D'autant que les fugitifs se retrouvent bientôt aux mains de la tribu Taïpi, réputée cannibale...
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céan Pacifique, première moitié du XIXe siècle. Tom et Toby, deux matelots sur un baleinier, commencent à trouver le temps long. Ils profitent d’un ravitaillement aux Îles Marquises pour se faire la belle. Mais comment survivre sur cette terre inconnue peuplée, dit-on, d’anthropophages ? Dans la jungle et les montagnes brumeuses, l'Enfer n’est jamais très loin du Paradis…
Pour son premier roman, Taïpi, Herman Melville s’était basé son expérience de marin embarqué. Mélangeant ses propres souvenirs – il avait effectivement déserté son navire lors d’une escale en Polynésie et avait dû se réfugier dans l’arrière-pays pour éviter les autorités – et divers témoignages d’explorateurs, l'ouvrage avait connu un succès considérable dès sa parution en 1846. Devenu un classique du genre, il influença également de nombreux écrivains (tel Robert Louis Stevenson ou Jack London) attirés, comme lui, par le large.
Sous une couverture évidemment inspirée par un autre amoureux du lieu, Stéphane Melchior et Benjamin Bachelier proposent une version BD de ce conte quasi-initiatique sur fond de vahinés et de sable blanc. Habitués de l’exercice (cf. Gatsby le magnifique), leur travail se montre très respectueux du texte d’origine tout en montrant beaucoup de personnalité et d’assurance. En effet, le trait tout en liberté du dessinateur apporte un véritable souffle de fraîcheur à la narration. De son côté, le scénariste a su intelligemment s’affranchir du style sévère de Melville et, là aussi tout en conservant l’esprit général, mettre au goût du jour la langue et les réactions des protagonistes. Le résultat est efficace, dynamique et décalé comme il le faut, un peu à la manière de Christophe Blain pour Isaac le pirate.
Excellente introduction vers une œuvre qui, malgré les années, reste d’actualité de par sa réflexion sur l’acceptation des différences, cette relecture de Taïpi devrait séduire tant les bédéphiles que les amateurs de destinations lointaines et enchanteresses.