Résumé: Lin Xiaolu est une enfant ordinaire qui a grandi auprès d'un seul de ses parents. Elle est introvertie et solitaire. Par contre son monde intérieur est riche de fantaisies. Spectatrice désabusée des amours compliqué des adultes, elle tente d'accéder au bonheur par sa propre volonté. Elle a en main son destin de se sortir de cette vie ordinaire...
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epuis toute petite Xiaolu a la tête dans les nuages. Elle passe son temps à lire ou regarder des mangas et s'en inspire pour dessiner. Elle préfère tellement ses héros imaginaires qu'elle se préoccupe plus du sort des Chevaliers du Zodiaque que du divorce de ses parents ! Une manière comme une autre de fuir une réalité dans laquelle elle ne se sent pas à sa place et qui l'ennuie. À l'école comme avec les gens - qui la trouvent souvent bizarre - c'est la même chose alors elle parle peu. Elle grandit et fonctionne ainsi même pendant sa scolarité, jusqu'au jour où elle croise « le garçon aux tâches d'encre ». Comment l'aborder ? Et puis d'abord, qui est-il ? Existe-t-il vraiment ou est-ce encore une invention de son esprit ? Pour Xiaolu et ses nombreux « amis » l'enquête commence !
Avec Sur la pointe des pieds, Ji Di adapte son roman éponyme. Centrée sur une enfant rêveuse, apprentie-artiste qui devient une femme, son récit a des allures de douce balade. Après My Way et sa réflexion sur la vie, la jeune auteure chinoise s'intéresse à l'amour et au rapport aux autres. Elle entraîne le lecteur dans les méandres de l'imagination et les souvenirs (de la courte existence) de son héroïne avec la poésie qu'on lui connait. Cette gamine a l'air mélancolique qui grandit à l'écart des autres, physiquement présente et entourée mais toujours un peu ailleurs, elle n'en est pas moins heureuse et rieuse. Dévoilant par bribes son passé, les étapes jalonnant la construction de cette personnalité singulière et réservée, voire renfermée, se font jour lentement : son enfance, la séparation de ses parents, sa passion pour le dessin, son entrée à l'école d'art, jusqu'à cette rencontre qui chamboule son existence. Une histoire qui prend le temps, drôle (les clins d'œil pour les fans de mangas sont nombreux) et tendre que l'on suit sur le même rythme auquel la jeune fille déambule dans les couloirs de son établissement, sans vraiment savoir où cela va mener.
Le dessin de la manhuajia A. Geng est au diapason de cette narration. Le traitement informatique peut surprendre et dérouter par son côté lisse, mais il participe pleinement à cette ambiance entre songe et réalité. L'auteure réalise un travail remarquable sur la lumière, son découpage est inventif et varié, tandis que son trait oscille sans cesse entre réalisme et style usuel des animes asiatiques.
OVNI narratif et visuel, À la rencontre de l'hiver invite à la rêverie. Sans clairement dévoiler la direction à venir, cette fable sur la différence et le rapport aux autres offre néanmoins un moment d'évasion féerique... en attendant la suite.