L
orsque Megumu affirme avoir été la cible d’un kidnappeur, Kiko jalouse toute l’attention que reçoit subitement sa copine de classe. Si seulement il pouvait lui arriver quelque chose d’aussi trépident…
Au foyer Hoshi no ko, une maman vient déposer le petit Toru Oishi. Si ce dernier pense que c’est temporaire, Haruo est persuadé qu’elle ne viendra plus jamais le récupérer et qu’il sera abandonné à jamais… tout comme lui.
Pour cette saga prévue en six tomes, Taiyou Matsumoto puise dans ses souvenirs d’enfance, en orphelinat, pour relater le quotidien d’un centre pour enfants forcés de grandir sans parents. L’auteur d’Amer béton et de Ping Pong emmène le lecteur dans les années 1970 afin d’y faire la connaissance des membres de ce foyer situé en pleine campagne, qui accueille des jeunes qui ne peuvent plus être élevés par leur famille. Si Haruo, Sei, Junsuke, Shôsuke, Kenji, Kiiko, Taro, Megumu et les autres ont des raisons diverses pour expliquer leur présence à l’orphelinat (une mère malade, un père alcoolique, …), ils partagent cependant tous le sentiment d’avoir été abandonnés. Heureusement, perdue au fond d’un terrain vague, l’épave d’une vieille voiture permet aux jeunes de s’évader de cette réalité pesante. Une fois installés à bord de la vieille « Sunny », ils peuvent laisser libre cours à leur imagination et aller là où leurs rêves décident de les emmener… pourquoi pas à la maison…
"J'admire le soleil, il est là tous les matins, sans exception."
"La Terre tourne, c'est tout."
Chaque chapitre se concentre sur l’un des gamins, sur leur tristesse lorsque des membres du staff tentent de combler l’immense vide ressenti lors du « Parent’s Day » à l’école, sur leur peur du rejet lorsqu’ils peuvent enfin passer quelques jours avec leur mère, sur ce besoin d’amour que le lecteur voudrait tant combler au fur et à mesure qu’il s’attache à ces rejetons. Délicatement, par petites touches, l’auteur brosse le portrait d’une galerie de personnages marqués par ce délaissement. Un pot de Nivea qui fait penser à l’odeur maternelle, un trèfle à quatre feuilles qui pourrait accélérer le rétablissement d’une mère hospitalisé, un réveil matin qui rappelle des jours meilleurs… tant de petits détails parsemés au fil des chapitres, qui permettent de saisir les sentiments de ces gosses en manque d’affection. Empli de tristesse et de mélancolie, le récit se veut également positif. Ne cherchant pas à uniquement dépeindre la noirceur, Taiyou Matsumoto laisse suffisamment de place à la lumière et à l’espoir. Même dans un orphelinat, la vie réserve de beaux moments et vaut la peine d’être vécue…
"Le medaka, c'est un croisement entre quels poissons ?"
"Ben, un croisement entre deux medaka."
Outre le savoir-faire au niveau de la caractérisation des protagonistes, il faut également souligner le style personnel et immédiatement identifiable du dessin du mangaka, qui croque une nouvelle fois ses différents personnages avec grande affection. Ponctué de quelques planches en couleur somptueuses, la mise en images experte de Taiyou Matsumoto accentue le réalisme de cette chronique douce-amère profondément humaine et touchante de sincérité et d’authenticité.