Dans son journal, Joe Matt dévoile une partie de sa vie pour le moins
tourmentée et peu ordinaire. Il utilise la bande dessinée comme thérapie pour
échapper à ses vieux démons qui le hantent encore : son éducation religieuse
qu’il a mal supporté, la relation tumultueuse avec sa famille, un penchant très
prononcé pour la radinerie, une vie sentimentale chahutée durant son
adolescence, une relation amoureuse chaotique avec Trish et enfin une
obsession maladive pour la pornographie.
Son style graphique, assez sobre et minimaliste, sert avant tout la narration.
Le lecteur finit par ne plus attacher d’importance aux diverses variations du
dessin puisque, à chaque histoire, l’auteur change de découpage et parfois
même de sens de lecture. N’est-ce pas là une manière pour lui de nous
montrer qu’il maîtrise le médium à la manière de Robert Crumb, son mentor ?
Obsédé et fier de l’être
Son insatiable penchant pour la masturbation, son goût affirmé pour les films
pornographiques et les moments de détente dans les peep-show ont
transformé Joe Matt en cas clinique intéressant : un érotomane primaire
incurable ! Le comble de son histoire est qu’il révèle certains travers des
hommes en général et des auteurs de bande dessinée en particulier. Vivre en
couple ne lui réussit guère plus que le célibat forcé. Et pourtant, une relation
amoureuse tumultueuse avec Trish l’éloigne progressivement de son
obsession… Pour combien de temps ?
La famille « Matt »
L’autre thème principal de son journal : la famille. Il dresse un tableau assez
sombre de ses proches, une sorte de croisement entre les Adams et les
Simpsons. Malgré tout, il reste attaché à eux et ne les renie à aucun moment.
Qui aime bien, caricature bien ! Sa mère est omniprésente dans ses critiques
acerbes de la religion. En effet, la bigoterie de celle-ci et les années passées
dans les écoles catholiques l’ont rendu athée et anticlérical. Il explique aussi
qu’une partie de ses frustrations sexuelles provient de son éducation prônant
l’abstinence avant le mariage.
Strip-tease est un recueil noir et blanc à lire sans modération les jours de
spleen pour se changer les idées… Un récit parfois obscène mais si juste qu’il
nous pousse à réfléchir sur certains maux de notre société.
Léga
Le 21/06/2004 à 20:03:09
Une petite merveille de drôlerie et de désabusement. On rit, parfois franchement et parfois un peu jaune selon qu'on s'y reconnaît ou pas... Joe Matt réussit à mes yeux l'exploit de faire d'une vie ordinaire (hors le fait d'être dessinateur de BD...) une bande dessinée qu'on suit avec plaisir et qu'on a du mal à lâcher