Le 27/02/2025 à 19:33:39
J’ai découvert Tom King en 2017 lorsque le scénariste a entamé son long run sur Batman Rebirth et j’ai immédiatement accroché au caractère calme, introspectif et réfléchi de ses personnages en comparaison avec l’immaturité et l’impulsivité des héros ou des vilains dont j’avais l’habitude de lire les aventures jusqu’alors. En 2019, trois titres scénarisés par King sont publiés en France et achèvent de faire de moi un inconditionnel de l’auteur (Omega Men, Mister Miracle et Heroes in Crisis). Puis, en 2022, rebelote avec la publication de trois nouvelles maxi-séries. Premier de ces trois épais volumes : Strange Adventures (Strange Adventures 2020, #1-12). L’histoire s’adresse à première vue aux nostalgiques de l’âge d’or ou d’argent des comics ou aux lecteurs actuels qui voudraient goûter à la saveur des super-héros oubliés. Car Adam Strange est assurément de ceux-là avec son costume ringard, son pistolaser et ses extraterrestres sortis d’un mauvais film de science-fiction. Et pourtant le propos de l’album n’est évidemment pas là. Certes la trame de fond est très vieille école mais elle renforce le contraste avec les sujets modernes qui y sont abordés comme le rapport des super-héros aux médias, à la communication de crise ou aux relations de couple. Ainsi, si l’enquête que mène Mister Terrific fait durer le mystère – presque – jusqu’au bout, ce sont surtout les rapports et les échanges entre les différents protagonistes qui valent le détour. King sait très bien écrire du comics et ses dialogues font mouche mais j’attendais toutefois mieux de la conclusion. Ainsi, pendant douze épisodes, j’ai pensé qu’Adam Strange avait violé ou tué sa fille sur la planète Rann mais la fin est finalement beaucoup moins sombre qu’attendue. Et puis, si King a manifestement bien étudié son sujet et en particulier le travail des auteurs qui l’ont précédé, je suis très certainement passé à côté de nombreuses références et clins d’œil que seuls les plus vieux lecteurs repèreront. Enfin, le découpage, et en particulier le gaufrier à neuf cases (la mise en page de prédilection de King), laisse une large place au dessin et le trait de Mitch Gerads (un collaborateur régulier de King notamment sur Sheriff of Babylon et Mister Miracle) – en alternance avec celui d’Evan Shaner en fonction des époques –, est fort plaisant et adapté au propos.BDGest 2014 - Tous droits réservés