Résumé: Au cœur de Scotland Yard, le Black Museum conserve secrètement les pièces à conviction des enquêtes liées aux pires criminels du pays, dont le mystérieux Jack Talons-à-Ressort…
Londres, 1837. Un monstre aux jambes immenses, à la bouche en feu et aux griffes acérées apparaît la nuit pour déchirer les vêtements d’innocentes jeunes filles avant de s’enfuir en sautant de toit en toit, ne laissant derrière lui que l’écho d’un rire aigu aux accents de folie… Son surnom : Jack Talons-à-Ressort !
Le criminel disparaît de lui-même au bout de six mois… avant de refaire la une des journaux trois ans plus tard. Mais cette fois, pour meurtre ! Ce qui avait des allures de farce a pris un tour macabre : les victimes, toutes des femmes, sont retrouvées éventrées... L’inspecteur James Rockenfield, connu pour ses méthodes d’investigation brutales, s’est juré de mettre la main sur l’insaisissable Jack. Hélas, l’enquête se corse lorsque les indices le mènent aux portes du manoir d’un des nobles les plus fortunés du pays…
A
u Black Museum, situé dans les locaux de Scotland Yard, sont conservées les pièces à conviction liées aux plus grandes affaires criminelles que l’Angleterre ait connues. Au cœur du 19è siècle, l’inspecteur Rockenfield y a rendez-vous avec la conservatrice. Il est particulièrement intéressé par le pied gauche de Jack Talons-À-Ressort, qui a terrorisé Londres à partir de 1837.
Pendant six mois, une créature terrifiante, aux bras et jambes en forme de longs et puissants ressorts métalliques, au masque lugubre crachant de la fumée, aux griffes redoutables, fit de nombreuses apparitions au cours desquelles il arracha les vêtements de jeunes filles se promenant seules la nuit. Puis il disparut pendant trois ans. À son retour, il n’est plus question d’attentats à la pudeur mais de meurtres. Quatre femmes sont retrouvées mortes, mutilées par ce qui ressemble à des serres géantes. L’inspecteur Rockenfield est chargé de l’enquête et se retrouve rapidement au sein de la noblesse fortunée et oisive.
Le « bondissant » est une des nombreuses légendes urbaines qui peuplent le Londres de l’époque victorienne. Peu de faits et beaucoup de fantasmes populaires l’ont alimentée. Kazuhiro Fujita (Karakuri Circus, Moonlight Act), lorsqu’il prit connaissance de cette histoire, entreprit d’explorer la personnalité de l’individu susceptible d’incarner un tel monstre.
Cela donne un récit dynamique et concis dans lequel le mangaka lorgne largement vers la culture occidentale : l’Angleterre de l’ère industrielle, la typologie des super héros américain, une dimension psychanalytique et l’esthétique gothique et steampunk. On y croise des personnages consistants, des rebondissements et des coups de théâtre. Le dessin y est précis. Les décors et costumes sont soignés, les multiples détails ne sont jamais superflus. Le regard y trouve son compte et l’atmosphère en devient dense.
Springald est une réussite. Il est le fruit de recherches scrupuleuses et d’une écriture subtile. Londres fascine encore et toujours. Elle semble être un théâtre inépuisable pour toutes les formes de bande dessinée, et ce, pour notre plus grand plaisir.