Info édition : Avec 8 pages de crayonnés en fin d'ouvrage.
Résumé: À bord de son drôle de vaisseau volant, Popeye survole la planète Sprague en essayant de vendre sa camelote et, peut-être, de sauver ce monde et ses habitants...
Marchand, pilote, escroc, poète et amoureux, Popeye observe un phénomène étrange : des herbes bleues prolifèrent et semblent disposer d’une intelligence propre... Par colonies entières, elles tracent leur route, envahissent les champs, détruisent moteurs et machines, s’attaquent au bétail et deviennent bientôt une menace mortelle pour les habitants. Avec l’aide de la faussaire Prune et des barons-rostres, créatures mi-hommes/mi-insectes, Popeye et ses amis vont mettre toutes leurs forces dans la bataille pour se débarrasser de ces herbes bleues.
P
opeye, le facétieux colporteur volant arrive en ville ! En plus de nombreuses babioles d’une authenticité discutable, ses racontars et autres bobards sont très appréciés par tout le monde. Il en profite également pour informer plus sérieusement les autorités et, par la même occasion, pour faire le plein de nouvelles qu’il portera dans la prochaine cité. Des espèces de plantes bleues, non des bras d’une créature mystérieuse qui étouffent tout ! Voilà ce qu’il apprend des habitants du lieu. Popeye connaît d’ailleurs ce phénomène dont il a pu apercevoir les ravages depuis son dirigeable. Le sachant un peu historien, les édiles lui demandent son avis. Il promet de fouiller ses archives. Peut-être que de telles manifestations ont été colligées dans un vieux volume de sa collection. Ses affaires faites, il repart déjà. Très rapidement, il constate que toute la région est maintenant touchée par cette inquiétante prolifération mortifère...
Rodophe et Olivier Roman ajoutent un récit indépendant à Sprague avec Le Marin Céleste. Le monde est déjà (un peu) connu et certains protagonistes du tome précédent sont de retour furtivement, le lecteur ne sera pas dépaysé. Surtout que Roman offre une nouvelle partition graphique de haut niveau, à l’encrage aussi léger que précis. Le rendu général est enthousiasmant et les très belles couleurs de Denis Béchu sont posées avec suffisamment de précaution pour ne pas estomper le délicat trait aérien du dessinateur. Riches et stimulantes, les planches sont réellement formidables à détailler.
Pour ce qui est de l’histoire, la situation est un plus contrastée. Côté positif, les amateurs de l’œuvre de Rodophe ne seront pas désarçonnés et même ravis de retrouver des éléments qu’ils apprécient certainement. En effet, le cocréateur de Kathy Austin recycle allégrement ses propres classiques afin de nourrir une trame forte en rebondissements. Par contre, celle-ci ne recèle pas de réelles surprises et ressemble pratiquement à de l’auto-citation vu le nombre d’éléments déjà vus çà et là au sein de ses travaux antérieurs. À chacun de connaître son seuil de tolérance face à cet exercice de recyclage.
Un beau et bel album à la réalisation soignée et élégante, Le Marin Céleste aurait pu être le couronnement d’une carrière exceptionnelle. Malheureusement, trop convenu et sans vrai souffle nouveau, il ne se résume qu’à une simple ligne de plus dans une immense et impressionnante bibliographie. Reste l’excellent travail d’Olivier Roman pour se consoler.
La preview
Les avis
BMR
Le 04/05/2025 à 20:35:17
Après l'album Sprague, une suite qui ne dit pas son nom. On y retrouve tout le charme de cet univers menacé par de mystérieuses herbes bleues.
Au scénario : Rodolphe (Rodolphe Daniel Jacquette) prof de lettres et grand amateur de R. L. Stevenson dont il a publié une biographie. Il a notamment collaboré avec le brésilien Leo (Luiz Eduardo de Oliveira) pour les séries Europa, Amazonie, Namibia ou encore Kenya.
À la planche à dessin, Olivier Roman, connu pour l'adaptation en BD des aventures fantastiques de Harry Dickson, le Sherlock Holmes américain.
Le duo n'en est pas à son coup d'essai puisqu'ils avaient déjà travaillé ensemble sur l'album Sprague (2022).
Le marin céleste se déroule d'ailleurs sur la même planète et nous finirons même dans la baie de Sprague.
Toutefois ce Marin céleste peut être lu indépendamment de Sprague : c'est plus un autre moment qu'une véritable suite.
L'album est colorié par Denis Béchu, celui qui a notamment travaillé avec François Boucq sur le remarquable New York Cannibals.
Nous voici sur une planète qui ressemble un peu à la notre mais pas tout à fait, mais on ne sait quand et on ne sait où.
Nous retrouvons donc là toute l'ambiance de Sprague : un univers médiéval, peuplé de diverses machineries volantes (un peu dans l'esprit steam punk mais en plus écolo et sans la vapeur).
Nous allons suivre le marin céleste dans l'une de ces machines : Popeye une sorte de colporteur qui navigue de village en village pour proposer sa camelote aux habitants, des articles plus ou moins authentiques puisque c'est son amie Prune qui lui répare, bricole ou contrefait la marchandise.
Jusque là tout va bien et l'on profite de cette douce imagerie bon enfant.
Mais ce petit monde s'affole à l'apparition invasive de mystérieuses herbes bleues qui prolifèrent et dévorent tout sur leur passage.
« [...] Les herbes !
Ces foutues saloperies bleues qui nous envahissent ... T'es pas au courant ?
Ces saletés poussent à tout vitesse et sont capables de te bloquer une roue ou de s'entortiller dans un moteur ! »
➔ On ne peut qu'être séduit par le petit monde sympathique et bon enfant qui s'invente sous nos yeux.
Le dessin clair et précis de Roman compte pour beaucoup dans le charme indéniable de cet univers.
➔ Pour autant, l'histoire va s'avérer un peu décevante. Plusieurs pistes sont ouvertes sans être complètement explorées (d'étranges insectes géants, les Grands Anciens, un vieux grimoire mystérieux, ...) et le lecteur restera un peu sur sa faim. Un reproche qui avait déjà été adressé à l'album initial Sprague.
Tout cela reste trop gentil et conviendra mieux à de jeunes lecteurs.
C'est un peu comme si les auteurs avaient hésité à donner une véritable suite à l'album précédent et n'avaient pas oser se lancer dans une plus longue série.
L'univers et les mystères de Sprague méritent d'être creusés, étoffés, approfondis, ... attendons, qui sait !