Résumé: Quinze histoires racontées par un personnage différent et autant d'anecdotes relatant impressions et émotions au coeur de la ville… Ces Spectateurs contemplent la vie comme on assiste à une pièce de théâtre, dans laquelle les lieux, temps et mémoire incarneraient les premiers rôles. À travers ces expériences du quotidien se dessine une réflexion sur l'existence humaine. Intime et universel.
L
a nuit tous les chats sont gris dit le dicton ; pas pour Victor Hussenot ! En effet, celui-ci met à profit l'obscurité pour se balader au gré des rues et scruter tout un chacun. Explorations urbaines et intérieures, Les Spectateurs sont le fruit de ses dérives nocturnes et de ses observations humaines.
Album à l'esthétique certaine grâce aux superbes compositions réalisées à l'aquarelle et une mise en page « visuelle » très recherchée, le recueil se regarde quasiment plus qu'il ne se lit. D'ailleurs, l'impression générale invite à penser davantage à un livre illustré qu'à une bande dessinée au sens strict du terme. Malheureusement l'excellente impression visuelle est quelque peu gâchée par un contenu en demi-teinte. Les réflexions de l'auteur sentent le déjà-vu ou, pire, ne sont l'écho que de quelques banalités vaguement sociologiques (Ils l'ignorent, mais quelque chose de profond les rapproches. Durant leurs vies respectives, ils ont emprunté des chemins similaires mais pas identiques…).
En fait, toute l'énergie du dessinateur semble avoir été concentrée sur le vu au détriment du fond. Sur ce plan, l'ouvrage est une franche réussite. Le dessinateur parvient, à plusieurs reprises (les « enveloppes » corporelles qui se délient, par exemple) à réellement faire passer de l'émotion à l'aide de ses pinceaux.
Élégant, mais pas totalement abouti, Les Spectateurs impressionne au premier abord, mais peine à convaincre quand l'aube point.