Info édition : Contient Spawn: The Dark Ages (1999) #1-14.
Noté "Première édition".
En fin de recueil, galerie de couvertures (16 pages) et carnet de croquis (8 pages).
Steve Niles et Nat Jones sont crédités sur la couverture mais n'ont écrit la série qu'à partir de l'épisode #15.
Résumé: Nous délaissons pour un temps Al Simmons, le Spawn contemporain, pour visiter le XIIe siècle. Cette fois-ci, la malédiction des Hellspawn a frappé Lord Covenant, un chevalier britannique tué au cours des croisades. Revenu à la vie et de retour sur ses terres, il va devoir choisir entre défendre les plus faibles et se ranger du côté des forces corrompues du mal.
P
arti faire les croisades, Lord Covenant a accompli la volonté divine en trucidant à tour de bras. Malheureusement pour lui, il n’y a pas que les infidèles qui meurent. En plus, les autorités célestes n’ont pas été spécialement sensibles à son preux dévouement et le voilà devant Belzébuth. Ce dernier décide de le renvoyer sur Terre pour servir ses futurs desseins après l’avoir passablement remodelé. Toutefois, la conscience du chevalier n’a pas complétement disparu.
Voilà un récit bien singulier qui, il faut tout de suite l’avouer, ne présente pas beaucoup d’intérêt. Tout d’abord, il n’y a pas réellement d’histoire, mais une succession d’épisodes – dont un "sommet" (sic) mélangeant sans vergogne le mythe de Jeanne d’Arc et la croisade des enfants – censés faire vivre un être se débattant avec une malédiction. Il n’y a rien qui puisse faire vibrer : pas de but, de suspense, de rebondissements ou de dramaturgie. Ensuite, le personnage et le contexte ne tiennent pas un instant. Satan est vraiment un amateur. Il récupère un mort, le transforme en entité démoniaque, mais rate tellement son coup, qu’en deux temps trois mouvements, le ressuscité retrouve son ancienne personnalité et lui file entre les doigts. En plus, alors que c’est un pion pour l’avenir, le maître des enfers le dote d’un aspect physique qui risque quelque peu de le faire remarquer. Le plus drôle (façon de parler) est que cela n’a pas l’air de perturber outre mesure les habitants de ce moyen âge caricatural. Ah, ce n’était pas des foies jaunes à l’époque, pas comme maintenant où ça braille dès qu’un malheureux Alien ou zombie apparaît. Brian Holguin a oublié que le surnaturel ne rime pas avec invraisemblance. En perdant toute cohérence, il ne reste qu’un grand n’importe quoi.
Le graphisme de Liam Sharp n'augmente pas plus l’envie de parcourir le livre. Si certaines planches sont tout de même marquantes, en particulier en terme d’ambiance, elles succèdent malheureusement à d’autres pour le moins moyennes, voire d’un aspect bâclé. De plus, dans un style daté, elles tiennent davantage de l’illustration que de la narration séquentielle propre à la bande dessinée, cassant toutes velléités de rythme et de fluidité. La voix-off pompeuse et pesante assoit parfaitement le côté lourdingue de la chose. Enfin, avec des corps défiant toutes les lois de l’anatomie et de la pesanteur, la caractérisation des personnages n’offre aucun attrait, comme si la démesure suffisait à faire naître charisme et atmosphères sulfureuses. Il faudrait aussi évoquer la représentation des femmes, bien entendu fort peu vêtues, mais là, l’overdose guette.
Indisponible depuis quinze ans, il serait intéressant de connaître les raisons qui ont poussé à ressortir cette œuvre. Il n’y a plus de problèmes de surproduction ? Si vous n’avez pas peur des livres sans images et que vous voulez assistez à la lutte du ciel et de l’enfer parmi les humains, vous gagnerez à lire le roman de Neil Gaiman et Terry Pratchett, De bons présages.