Résumé: Noshi n'a qu'un rêve, posséder sa propre navette spatiale individuelle et partir à la découverte de l'espace ! Pour que son souhait se réalise enfin, elle accomplit chaque jour un travail qu'elle déteste. Sa seule source d'évasion est un jeu vidéo auquel d'ailleurs, elle excelle. Parfois la jeune femme sent une présence autour d'elle, se pourrait-il que depuis les profondeurs étoilées, quelqu'un cherche à entrer en contact avec elle ?
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eu épanouie dans un quotidien morne, Noshi ne parvient à s’évader qu’à travers un jeu vidéo dans lequel elle excelle. Un jour, dégoûtée par la jalousie de ses collègues et nourrissant des soupçons à l’égard de son fiancé, elle s’enfuit à bord d’une navette spatiale. Après quelques jours d’errance, elle est recueillie par le mystérieux « Space ship EE » où elle fait la connaissance de Megu, ex-guerrière intergalactique. Elle-même est bientôt plongée dans des combats sans fin qui doivent assurer la survie du vaisseau. Mais elle se rend également compte que rien n’est simple à bord et qu’une hiérarchie bien précise existe.
Artiste japonaise contemporaine, Aya Takano livre avec Space ship EE une œuvre éminemment personnelle, ainsi qu’elle l’explique elle-même en fin d’album. Cela explique que l’univers qu’elle propose s’avère tout à la fois attrayant et curieux par sa dimension onirique incontestable et hermétique parce que développant des pensées qui n’appartiennent qu’à l’auteure. Partant de l’amertume née des relations hypocrites et étouffantes au travail, provenant de sa propre expérience, Takano enchaîne sur un récit de science-fiction dans lequel elle souligne quelques concepts politiques, avant, lors d’un retour sur Terre, d’aboutir à un thème écologiste. Plus d’une fois, le lecteur risque de perdre le fil conducteur et de s’égarer dans le foisonnement des aspects abordés, d’autant que la construction narrative n’apparaît pas clairement. Même le Space Ship EE qui donne son titre à ce one-shot reste un mystère malgré les quelques explications distillées sur son fonctionnement et son objectif. En fait, c’est le glossaire final qui, par ces détails concrets, permet de mieux apprécier ce qui se passe dans l’ouvrage, en conférant un caractère plus tangible aux personnages. Mais c’est surtout le dessin d’Aya Takano qui attire l’attention. En effet, son trait éthéré, ses cases aux contours flous, le design singulier, quelque peu naïf, de ses protagonistes collent parfaitement à l’ambiance de rêve qui imprègne l’histoire. Les quelques pages en couleurs en début d’album témoignent également du talent de l’artiste.
Space ship EE invite à un songe coloré qui, comme toute les rêveries, se révèle difficile à appréhender.