Résumé: « J'ai parfois l'impression que nous vivons dans une sorte de moyen-âge, peuplé de peurs violentes, d'abus monstrueux et d'espoirs tout aussi vivaces que les angoisses.
Matraqués par la peur d'une pandémie, d'une catastrophe écologique, assaillis de besoins futiles à assouvir absolument, secoués, hagards, que pouvons-nous faire ?
Électrochoc quotidien de l'information internationale, le monde, cette fabuloserie mal fréquentée, ce paradis infesté des poisons que nous y avons répandu et nous, là, hésitants, troublés, enfantins, arrogants les bras ballants.
Nous savons bien qu’il faut repenser le quotidien. Avons-nous cette force ?
Sous le manteau, la réponse.
Sous le manteau la peur et l’angoisse, et la catastrophe qui pointe son vilain museau.
Sous le manteau, fécondité, créativité, ardeur et amour aussi peuvent irradier et venir au monde. »
Sylvie Fontaine
Après Le Poulet du Dimanche et Miss Va-Nu-Pieds en 2007 et 2009, Sylvie Fontaine prolonge sa figuration de l’identité et des rapports humains par une série de portraits allégoriques.
Corps voilés sous de complexes parures, visages mutilés ou tatoués, décors trompe-l’œil, le graphisme et les symboles des apparences avisent des ordres et tensions d’un monde difforme. Chaque effigie est accompagnée d’un court poème enluminé, découverte de la fine et brute écriture de cette auteure adepte du muet.
À
la frontière des genres, Sylvie Fontaine (Naïve, Cubik) explore quelques recoins sombres de l’âme humaine. Dans Sous le manteau, elle abandonne la BD pure et propose un long poème illustré. Au fil de ses strophes, l’auteure dénonce et, surtout, redoute les écarts dangereux de notre civilisation occidentale. Que reste-t-il pour nous sauver ? Un peu d’amour – évidemment - et, pour les plus chanceux, travailler de concert avec Calliope et Thalie pour fissurer cette étouffante carapace matérialiste. Enfin libres, nous pourrons alors faire tomber le manteau (la chemise si vous êtes toulousain).
Pour les illustrations, la dessinatrice oscille entre une représentation fidèle du texte et, plus pertinemment, une réinterprétation des métaphores. Cette dernière démarche est la plus intéressante. Le petit décalage entre mots et images enrichit le propos et démultiplie les niveaux de lecture. Même si, au fil des pages, des influences de David B. se font remarquer, le travail graphique très personnel de Sylvie Fontaine est parfaitement maîtrisé.
Ce long poème, à la thématique un peu simpliste, est à réserver en priorité aux amateurs de littérature illustrée plutôt qu’aux bédéphages phylactèrophiles monomaniaques.